Les Apports de l'Alchimie
L'Alchimie dans les arts visuels
Selon R. Halleux, « l'idée que des monuments ou des
œuvres d'art contiennent un symbolisme alchimique n'est pas très ancienne. En
1612 paraît le Livre des figures hiéroglyphiques de Nicolas
Flamel, qui se présente comme une explication alchimique des figures
gravées par le célèbre adepte sur une arche du cimetière des Innocents à Paris.
En 1636, un certain de Laborde interprète hermétiquement la statue de Saint
Marcel au porche de Notre-Dame de Paris, et, en 1640, Esprit Gobineau de
Montluisant écrit une Explication très curieuse des énigmes et figures
hiéroglyphiques physiques qui sont au grand porche de l'église cathédrale et
métropolitaine de Notre-Dame de Paris. Cette tradition inspire les travaux
d'hermétistes comme Cambriel, Fulcanelli, Canseliet qui prétendent reconnaître
ainsi l'empreinte alchimique dans un certain nombre de monuments du Moyen Âge
ou de la renaissance : Notre-Dame de Paris, chapelle Saint Thomas d'Aquin,
Sainte Chapelle, cathédrale d'Amiens, palais de Jacques Cœur à Bourges, hôtel
Lalemant à Bourges, croix de Hendaye, église Saint Trophime à Arles, château de
Dampierre-sur-Boutonne, villa Palombara sur l'Esquilin à Rome, château du
Plessis-Bourré, etc. Cette démarche aboutit à des résultats invraisemblables. »
Dessins, enluminures, gravures, miniatures
« Les manuscrits alchimiques grecs n'offrent guère que la figure
de l'ouroboros, serpent qui se mord la queue, symbolisant l'unité de la matière
sous ses cycles de transformation. Les premiers traités illustrés sont, au XVe
s., l'Aurora consurgens, le Livre de la Sainte Trinité, le
Donum Dei de Georges Aurech de Strasbourg (1415). On y voit apparaître des
motifs dont il serait particulièrement intéressant d'étudier la descendance et
les modifications, dans le Rosarium philosophorum, le Splendor
Solis de Salomon Trismorin, les recueils de Michel Maier (Atala
fugiens, 1618) et de Jean-Daniel Mylius (Opus medico-chymicum, 1618 ;
Philosophia reformata, 1622). » Merian a fait les gravures pour
Michael Maier (son beau-père) et pour Robert Fludd (Utriusque historia…).
Peinture
Selon Robert Halleux, « les seuls exemples sûrs d'une
inspiration alchimique en peinture ou en sculpture sont de la Renaissance, où
il existe des motifs hermétiques chez Giorgione, chez Cranach, chez Dürer, pour
ne pas parler des représentations mêmes d'adeptes au travail. » On
trouve les représentations d'adeptes au travail chez Bruegel l'Ancien et David
Téniers le Jeune (1610-1690).
Architecture et sculpture
Selon Robert Halleux, « en sculpture, les mystérieux reliefs
qui couvrent le plafond d'une petite salle dans l'hôtel Lalemant à Bourges,
construit en 1487, s'expliquent pour une bonne moitié dans un cadre alchimique,
sans que cette interprétation soit tout à fait décisive. Mais il n'y a pas
d'exemples certains pour le Moyen Âge. Le symbolisme des cathédrales ne paraît
rien devoir à l'alchimie. L'interprétation hermétique est née à une époque où
le sens religieux du symbole s'était, comme les pierres elles-mêmes, érodé. »
Des travaux historiques solides
ont paru, dont Jacques van Lennep, Art et Alchimie. Étude de
l'iconographie hermétique et de ses influences (1966) et Alexander Roob, Alchimie et Mystique (Taschen, 2005).
Découvertes scientifiques par les alchimistes
Comme le dit Jacques Bergier, « l'Alchimie est la seule pratique
para-religieuse ayant enrichi véritablement notre connaissance du réel. »
Marie la
Juive (au début du IIIe siècle ? à Alexandrie) a inventé
le fameux « bain-marie », dispositif dans lequel la substance à faire
chauffer est contenue dans un récipient lui-même placé dans un récipient rempli
d'eau, ce qui permet d'obtenir une température constante et modérée.
Dans la ville d'Alexandrie, on
trouve une importante corporation de parfumeurs, possédant des alambics (ambikos)
pour distiller des élixirs, des essences florales ; Zosime de Panopolis, vers 300, présente une
illustration d'un alambic pour métaux, raffiné.
Geber (Jâbir ibn Hâyyan),
mort vers 800, découvre divers corps chimiques : l'acide citrique (à la
base de l'acidité du citron), l'acide acétique (à partir de vinaigre) et
l'acide tartrique (à partir de résidus de vinification). Albert le
Grand réussit à préparer la potasse caustique, il est le premier à
décrire la composition chimique du cinabre, de la céruse et du minium. Le Pseudo-Arnaud de Villeneuve, vers
1330, ou Arnaud lui-même, découvre les trois acides sulfurique, muriatique et
nitrique ; il compose le premier de l'alcool, et s'aperçoit même que cet
alcool peut retenir quelques-uns des principes odorants et sapides des végétaux
qui y macèrent, d'où sont venues les diverses eaux spiritueuses employées en
médecine et pour la cosmétique. Le Pseudo-Raymond Lulle (vers 1330)
prépare le bicarbonate de potassium. En 1352, Jean de Roquetaillade (Jean de Rupescissa)
introduit de la notion de quintessence, obtenue par distillations
successives de l'aqua ardens (l'alcool) ; cette idée d'un principe actif
sera essentielle dans l'histoire de la médecine, car il introduit un grand
nombre de médicaments chimiques, tels que la teinture d'antimoine, le calomel,
le sublimé corrosif.
Paracelse
est un pionnier de l'utilisation en médecine des produits chimiques et des
minéraux, dont le mercure contre la syphilis, l'arsenic contre le choléra. Il
crée la médecine du travail, la toxicologie, la balnéothérapie, il annonce
l'homéopathie. Vers 1526 il crée le mot « zinc » pour désigner
l'élément chimique zinc, en se référant à l’aspect en pointe aiguë des cristaux
obtenus par fusion et d’après le mot de vieil allemand zinke signifiant « pointe ».
Basile
Valentin décrit vers 1600 l'acide sulfurique et l'acide
chlorhydrique.
Jan Baptist Van Helmont, « précurseur
de la chimie pneumatique » (Ferdinand Hoefer), révèle vers 1610, d’une
façon scientifique, l’existence des « gaz », comme il les nomme, et
en reconnaît plusieurs. Il identifie l’un d’eux, le « gaz sylvestre »
(gaz carbonique), qui résulte de la combustion du charbon, ou de l’action du
vinaigre sur certaines pierres, ou de la fermentation du jus de raisin. Pour
Van Helmont, le gaz constitue l’ensemble des « exhalaisons » dont
l’air est le réceptacle.
Alchimiste à Hambourg, Hennig Brandt
découvre le phosphore en 1669 en cherchant l'alkaest dans l'urine.
Isaac Newton
s'intéresse aux pratiques alchimiques. Dans son « Optique » (1704), à la Question 31, il caractérise la chimie
comme étant le lieu de forces attractives et de forces répulsives qui peuvent
se manifester à courte distance. Cela lui permet d'expliquer le déplacement
d'un métal dans un sel par un autre métal, et propose ce qui constitue la
première échelle d'oxydoréduction des métaux. Il explique l'élasticité des gaz,
la cohésion des liquides et des solides…
La création de la porcelaine en
Occident revient, en 1708, à un alchimiste, Johann Friedrich Böttger, qui prétendait
pouvoir fabriquer de l'or à partir de métaux non précieux. Böttger parvient à
percer le secret de la pâte de porcelaine.
La notion de transmutation
a semblé absurde aux positivistes. Pourtant, Ernest
Rutherford, en 1919, réalise la première transmutation
artificielle : en bombardant de l'azote avec les rayons alpha du radium,
il obtient de l'oxygène.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alchimie