L’Alchimie
L'Alchimie est une discipline qui
recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la
transmutation des métaux. L'un des objectifs de l'Alchimie est le grand œuvre,
c'est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation
des métaux, notamment des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles,
l'argent, l'or. Un autre objectif classique de l'Alchimie est la recherche de
la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de
longue vie. Toutefois, certains auteurs affirment que l'essentiel de la
recherche alchimique n'est pas la transmutation des métaux, phénomène
secondaire, mais la transformation de l'alchimiste lui-même. On peut comprendre
cette transformation comme abstraite et spirituelle, ou encore physique et bien
réelle, thèse proposée notamment par Jacques Bergier dans Le Matin des
magiciens.
La pratique de l'Alchimie et les
théories de la matière sur lesquelles elle se fonde, sont parfois accompagnées,
notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques
ou spirituelles.
Des pensées et des pratiques de
type alchimique ont existé en Chine dès le IVe siècle av. J.-C. et en Inde dès
le VIe siècle. L'Alchimie occidentale, quant à elle, prend vraisemblablement
ses origines dans l'Égypte hellénistique des Ptolémées entre -100 (avec Bolos
de Mendès) et 300 (avec Zosime de Panopolis).
Théophraste, philosope grec du
IVe siècle av. J.-C., peut être considéré comme alchimiste. Selon le Traité des
Pierres de Théophraste, Callias, vers le début de la guerre du Péloponnèse,
découvrit le minium dans des mines d’argent, et espérait en obtenir de l’or par
action du feu. Elle s'est ensuite développée dans le monde arabe puis européen
durant le Moyen Âge et jusqu'à la Renaissance. Jusqu'à
la fin du XVIIe siècle les mots Alchimie et chimie sont synonymes et utilisés
indifféremment. Ce n'est qu'au cours du XVIIIe siècle qu'ils se distinguent, et
que l'Alchimie connaît une phase de déclin sans toutefois disparaître
totalement, alors que la chimie moderne s'impose avec les travaux de Lavoisier.
Le mot « Alchimie » vient de
l'arabe الكيمياء, al-kīmiyāﺀ. Le terme apparaît dans le vocabulaire français au
XIVe siècle, par le latin médiéval alchemia. Les mots Alchimie et chimie sont
restés synonymes jusqu'à l'apparition de la chimie moderne au XVIIIe siècle.
Différentes hypothèses ont été
avancées pour l'origine du mot en arabe. Le mot arabe proviendrait du mot grec
khemeia, désignant également l'Alchimie dans son acception moderne. Le
philologue Hermann Diels dans son Antike Technik (1920) y voyait la
"fusion" (du grec ancien chumeia/chêmeia signifiant "art de
fondre et d'allier les métaux"). kimiya pourrait également venir du mot
copte kēme (ou son équivalent en dialecte bohaïrique, khēme), lui-même dérivant
du démotique kmỉ, correspondant au moyen égyptien Km.t, désignant la terre noire,
la terre alluvionnaire et par extension l'Égypte.
Les termes Alchimie et chimie (en
latin alchemia et chemia, ou alchymia et chymia) sont strictement synonymes
jusqu'au début du XVIIIe siècle, avec notamment l'ouvrage polémique de
Étienne-François Geoffroy Des supercheries concernant la pierre philosophale
(1722)