Les Anges dans le Judaïsme et le Christianisme
Les anges sont très présents dans
l’Ancien Testament et seraient la résultante de l’intégration des anciens dieux
d’Israël dans la nouvelle religion monothéiste afin de faciliter l’assimilation
de cette dernière.
Après l’exil babylonien d’Israël
(597-538 av. J.-C.), la pensée juive sur les anges se modifia et s’enrichit en
s’inspirant de l’art mésopotamien : les artistes et les écrivains dotèrent
les anges d’ailes (même les anthropomorphes) et se prirent d’intérêt pour les
vêtements, le nom et le rang relatif des anges. Le symbole des ailes eut 2
significations principales : la beauté et la capacité de s’envoler au-dessus de
la condition humaine. Ainsi on pensa que la mort n’affectait pas les anges. Outre
l’influence mésopotamienne, la tradition dualiste perse ajouta une autre
dimension à la conception juive des anges avec sa croyance en des anges
bienfaisants et en des anges destructeurs, en rébellion contre Dieu. La
communauté essénienne de Qumrân considérait le monde comme un champ de bataille
où luttaient l’Esprit de Vérité et l’Esprit du Mal, ce dernier étant une
puissance angélique opposée à Dieu et appelé Bélial.
Reprenant un trait courant dans
les mythologies orientales, mais l’adaptant à la révélation du Dieu unique,
l’Ancien Testament représente souvent Dieu comme un souverain oriental. Les
membres de sa cour sont aussi ses serviteurs ; on les nomme encore les Saints. Toute
une armée céleste rehausse la gloire de Dieu ; elle est à sa disposition pour
gouverner le monde et exécuter ses ordres ; elle établit un lien entre le ciel
et la terre.
Cependant, à côté de ces
énigmatiques messagers, les anciens récits bibliques connaissent aussi un ange
de Yahvé qui n’est pas différent de Yahvé lui-même manifesté ici-bas sous une
forme visible : habitant une lumière inaccessible, Dieu ne peut laisser voir sa
face ; les hommes n’en aperçoivent jamais qu’un mystérieux reflet. L’Ange de
Yahvé des vieux textes sert donc à traduire une théologie encore archaïque,
qui, par l’appellation « Ange du Seigneur », laisse des traces jusque dans le
Nouveau Testament et même dans la patristique. Cependant, à mesure que la
révélation progresse, son rôle est de plus en plus dévolu aux anges, messagers
ordinaires de Dieu.
Originairement, on attribuait
indistinctement aux anges des tâches bonnes ou mauvaises. Dieu envoie son bon
ange pour veiller sur Israël ; mais pour une mission funeste, il envoie des
anges de malheur, tel l’Exterminateur. Même le Satan du Livre de Job fait encore
partie de la cour divine.
Après l’exil, les tâches
angéliques se spécialisent davantage et les anges acquièrent une qualification
morale en rapport avec leur rôle : bons anges d’un côté, Satan et les démons de
l’autre ; entre les deux, une opposition constante. Cette conception d’un monde
spirituel divisé trahit l’influence indirecte de la Mésopotamie et de la Perse.
Mais le rôle attribué aux anges
n’a pas changé. Ils veillent sur les hommes et présentent à Dieu leurs prières,
ils président aux destinées des nations. Ils reçoivent des noms en rapport avec
leurs fonctions : Raphaël, « Dieu guérit », Gabriel, « Héros de Dieu », Michel,
« Qui est comme Dieu ? ». C’est à celui-ci, leur prince à tous, que la
communauté juive est confiée. Ces données sont amplifiées dans le Livre d’Enoch
et la littérature rabbinique, qui tente de les organiser en systèmes plus ou
moins cohérents.
Le Nouveau Testament énumère les Archanges,
les Chérubins, les Trônes, les Seigneuries, les Principautés, les Puissances, à
quoi s’ajoutent ailleurs les Vertus. Cette hiérarchie, dont les degrés varient
dans l’expression, n’a pas le caractère d’une doctrine fixée, mais d’un élément
secondaire aux contours assez flottants.
Le Pseudo-Denys l’Aréopagite
écrit (Les Hiérarchies célestes, VIe siècle) que la Cour céleste est composée des
« neuf chœurs des anges » divisés en 3 ordres :
- les séraphins, les chérubins et
les trônes ;
- les dominations, les vertus et
les puissances ;
- les principautés, les archanges
et les anges.
Les premiers ont pour fonction de
louer et d’adorer Dieu : ils constituent l’ordre le plus élevé dans la
hiérarchie. Les derniers ont celle d’assister le cours des astres, des nations
et des personnes.
Ces 9 chœurs marquent 9 degrés de
proximité du Trône divin. Les anges des chœurs les plus proches sont absorbés
par la vision de Dieu et ne font que transmettre cette connaissance aux chœurs
inférieurs. Plus nous descendons dans la hiérarchie céleste, plus les anges ont
des fonctions en rapport avec l’univers matériel et les hommes.
Saint Grégoire Ier (Pape de 590 à
604) classe les neufs chœurs angéliques d’une façon un peu différente :
séraphins, chérubins, trônes ; dominations, principautés, puissances ; vertus,
archanges, anges.
Clément d’Alexandrie décrit le rôle
protecteur exercé par les anges sur les nations, les cités.
Représentation des Anges
Ils furent d’abord représentés
comme des éphèbes vêtus de longues robes antiques.
Les seuls êtres ailés mentionnés
dans la Bible
sont les Séraphins et les Chérubins (manifestations de la Gloire de Dieu), visions
des prophètes Isaïe et Ezéchiel.
Dans les textes apocryphes,
notamment le livre de Hénoch, les Anges sont ailés. A la fin du IVe siècle, le
type ailé apparaît dans les Catacombes. Au XIIe siècle, ce sont des enfants. Au
XIIIe siècle, des bébés. Au XVe siècle, des femmes. Aux XVe et XVIe siècles,
ils sont revêtus de plumage. A la Renaissance : ce sont des têtes d’enfants ailées.
Le Guide byzantin de la peinture
indique la manière de représenter les anges : les Trônes doivent être
peints sous la forme de roues de feu ayant des ailes alentour et le milieu des
ailes parsemé d’yeux, le tout simulant un trône. Il faut donner 2 ailes aux
Chérubins (4 selon Ezéchiel) et 6 ailes aux Séraphins avec un flabellum portant
écrit 3 fois le mot saint. Les Dominations, les Vertus, les Puissances doivent
porter de longues robes blanches, avec ceintures d’or et étoles vertes. Quant à
la troisième hiérarchie (principautés, archanges et anges), on doit lui donner
le costume guerrier, des ceintures d’or, des haches, des javelots terminés en
fer de lance.
On représente les anges avec des
ailes et un vêtement blanc pour exprimer leur essence immatérielle et la pureté
de leur nature. En Orient, la couleur bleue, couleur céleste, a prévalu sur le
blanc, comme symbole de pureté.