Trolual
Trolual est le nom donné à un
monstre marin présent dans d'anciens récits de marins et de pêcheurs de la mer
de Norvège (Islande et îles Féroé). Apparu dans la littérature européenne au
XVIe siècle, il désignerait en réalité une baleine ou un cachalot dont la
dangerosité, exagérée, est abusivement attribuée à une nature malfaisante.
Trolual ou trolval est la
transcription latine d'un terme norrois, trollwal, formé à partir de troll
(esprit malfaisant, quelquefois assimilé au diable par la tradition chrétienne,
d'où la germanisation en Teufel) et de wal (baleine). Il désigne ainsi une
baleine-troll ou une « baleine diabolique » qui provoquerait des naufrages en
renversant des navires (ce qui est possible concernant des cétacés et de petits
bateaux de pêche) ou en étant prise pour une île par des marins qui se
mettraient en danger en accostant sur son dos (fait improbable relevant
davantage de la mythologie et de récits légendaires comme ceux de Saint Brandan
et de l'aspidochélon).
Le trolual est mentionné pour la
première fois en 1539 dans le livret explicatif de la Carta Marina du
suédois Olaus Magnus : « La baleine
susmentionnée est, dans ce pays [l'Islande], appelée trolual, ce qui signifie,
en allemand, baleine diabolique ».
Le trolual réapparaît dès 1558,
dans le quatrième livre du traité de zoologie de Conrad Gessner, Historiae
animalium. Sa description reprend les observations et les anecdotes sur les
baleines tirées des travaux d'Olaus Magnus.
Les descriptions d'Olaus Magnus
et de Gessner, ainsi que leurs illustrations, tenaient encore beaucoup des
bestiaires médiévaux et de leur goût pour le merveilleux. Or, à partir du
XVIIIe siècle, grâce aux progrès des observations offerts par les échouages et
par le développement de la pêche baleinière, les naturalistes cessent
d’accréditer les légendes relatives au trolual puis renoncent à voir dans cet
animal une espèce distincte des cétacés déjà connus : Valmont de Bomare le
présente en 1775 comme une espèce de baleine qui « culbute » souvent les barques des pêcheurs (et non de grands
navires, comme dans les gravures fantaisistes de la Renaissance), tandis
que Desmarest estime qu'il « doit
appartenir au genre des baleines ou à celui des cachalots » (1828).
Iconographie
Les premières représentations du
trolual dérivent des illustrations de baleines contenues dans les travaux
susmentionnés d'Olaus Magnus.
Une vignette de l'ouvrage de
Gessner reprend ainsi l'illustration de la Carta Marina
représentant des marins ayant jeté l'ancre sur une baleine qu'ils ont confondue
avec une île.
Compilant les monstres marins de
cette même carte, une planche au monogramme « MHF », insérée dans certaines
éditions de la
Cosmographie universelle de Sébastien Münster (dont l'édition
originale de 1545 ne mentionne pas de tels monstres), représente un trolual
menaçant un navire : un marin tente d'effrayer le monstre en soufflant dans une
trompette pendant que ses compagnons jettent des tonneaux par dessus bord en
guise de diversion. La créature est affublée d'une gueule et de crocs
monstrueux tandis que les deux gerbes d'eau sortant de ses évents évoquent des
cornes, allusion à sa prétendue nature diabolique.
Toponymie
Un îlot situé entre l'île
Adélaïde et la péninsule Antarctique a été baptisé « Trolval Island ».
Source : Wikipedia |