Nostradamus
Michel de Nostredame, dit
Nostradamus, né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence et mort le 2
juillet 1566 à Salon-de-Provence, était un apothicaire français.
Selon bien des sources, il aurait
également été médecin, bien que son expulsion de la faculté de médecine de
Montpellier témoigne qu’il n'était pas possible d’être les deux à la fois.
Pratiquant l'astrologie comme
tous ses confrères à l'époque de la Renaissance, il est surtout connu pour ses
prédictions sur la marche du monde.
Michel de Nostredame est né de
Jaume de Nostredame et de Reynière (ou Renée) de Saint-Rémy le 14 décembre
1503.
Le nom des Nostredame vient de
son grand-père juif, Guy de Gassonet (fils d'Arnauton de Velorges), qui choisit
le nom de Pierre de Nostredame lors de sa conversion au catholicisme,
probablement vers 1455.
Michel de Nostredame part très
jeune à Avignon pour y obtenir son diplôme de bachelier ès arts. On le disait
doué d'une mémoire presque divine, d'un caractère enjoué, plaisant, peut-être
un peu moqueur. Ses camarades l'auraient appelé « le jeune astrologue », parce
« qu'il leur signalait et leur expliquait les phénomènes célestes », mystérieux
alors pour beaucoup. Il dut apprendre aussi la grammaire, la rhétorique et la philosophie. Mais
il doit quitter l'université après un an seulement, et donc sans diplôme, à
cause de l'arrivée de la peste (fin 1520).
Neuf ans plus tard (1529), ayant
cependant pratiqué comme apothicaire (profession non diplômée), il s'inscrit à
la faculté de Montpellier pour essayer d'y gagner son doctorat en médecine. Il
se fait connaître grâce aux remèdes qu'il a mis au point en tant
qu'apothicaire. Mais il est bientôt expulsé pour avoir exercé ce métier «
manuel » interdit par les statuts de la faculté. Son inscription de 1529 et sa radiation
sont les seules traces de son passage à Montpellier, et on ne connaît pas de
document attestant qu'il ait été docteur d'une autre université.
Vers 1533, il s'établit à Agen,
où il pratique la médecine de soins à domicile. Il s'y lie d'amitié avec Jules
César Scaliger. Cet Italien, installé à Toulouse, érudit de la Renaissance, est
« un personnage incomparable, sinon à un
Plutarque » selon Nostredame ; il écrit sur tout. Impertinent, il s'attaque
à tout le monde, s'intéresse à la botanique et fabrique des pommades et des
onguents. Mais le jeune « imposteur » inquiète les autorités religieuses par
ses idées un peu trop progressistes pour l'époque. La durée précise de son
séjour à Agen est inconnue ; peut-être trois ans, peut-être cinq ans.
Vers 1534 Nostredame s'y choisit
une femme dont on ne sait même pas le nom, qui lui aurait donné deux enfants :
un garçon et une fille. L'épouse et les deux enfants moururent, très rapidement
semble-t-il, à l'occasion de quelque épidémie, la peste vraisemblablement.
D'après certains commentateurs
catholiques des Prophéties — Barrere, l'abbé Torne-Chavigny notamment —
Nostredame aurait dit en 1534 à un « frère » qui coulait une statue de
Notre-Dame dans un moule d'étain qu'en faisant de pareilles images il ne faisait
que des diableries. D'aucuns pensent que ses relations avec un certain
Philibert Sarrazin, mécréant de l'époque, de la région d'Agen, avaient rendu
Nostredame plutôt suspect à la Sainte Inquisition.
Celle-ci l'aurait même invité à se présenter devant son
tribunal de Toulouse pour « y être jugé
du crime d'hérésie ; mais il se garda bien de répondre à cette citation ».
Après la mort de sa première
femme, Nostredame se serait remis à voyager. On l'aurait trouvé à Bordeaux,
vers l'an 1539.
Nostredame accomplit de 1540 à
1545 un tour de France qui l'amène à rencontrer de nombreuses personnalités,
savants et médecins.
Ici se termine le cycle de
pérégrinations de Nostredame qui l'a mené en somme, après être rayé de
Montpellier, du Sud-Ouest au Nord-Est de la France. Nostredame
atteint la quarantaine (1543) et commence une seconde phase de déplacements qui
va le rapprocher de la Provence et le pousser vers l'Italie, terre bénie de
tous ceux qui connurent à son époque l'ivresse de la Renaissance.
Les premières étapes de ce
périple sont probablement Vienne, puis « Valence des Allobroges », dont parle
Nostredame dans son Traité des fardemens
et confituresà propos des célébrités qu'il s'honora d'y avoir rencontrées :
« A Vienne, je vis d'aucuns personnages
dignes d'une supprême collaudation ; dont l'un estoit Hieronymus, homme digne
de louange, et Franciscus Marins, jeune homme d'une expectative de bonne foy.
Devers nous, ne avons que Francisons Valeriola pour sa singulière humanité,
pour son sçavoir prompt et mémoire ténacissime... Je ne sçays si le soleil, à
trente lieues à la ronde, voit ung homme plus plein de sçavoir que luy. »
En 1544, Nostredame aurait eu
l'occasion d'étudier la peste à Marseille sous la direction, a-t-il dit, d'un «
autre Hippocrate, le médecin Louis Serres
». Puis, il est« appelé par ceux d'Aix en
corps de communauté pour venir dans leur ville traiter les malades de la
contagion dont elle est affligée. C'était en l'année mil cinq cent quarante
six. »
On le voit certainement à Lyon en
1547 où il s'oppose au médecin lyonnais Philibert Sarrazin, à Vienne, Valence,
Marseille, Aix-en-Provence et, enfin, à Arles, où il finit par s'établir. Là,
il met au point un médicament à base de plantes, capable, selon lui, de
prévenir la peste.
En 1546, il l'expérimente à Aix
lors d'une terrible épidémie : son remède semble efficace comme prophylactique,
mais il écrira lui-même plus tard que « les
seignées, les medicaments cordiaux, catartiques, ne autres n'avoyent non plus
d'efficace que rien. » (Traité des fardemens
et confitures, Lyon, 1555, p. 52) Malgré ce succès douteux, Nostredame est
appelé sur les lieux où des épidémies sont signalées. À la même époque, il
commence à publier des almanachs qui mêlent des prévisions météorologiques, des
conseils médicaux et des recettes de beauté par les plantes. Il étudie
également les astres.
Le 11 novembre 1547, il épouse en
secondes noces Anne Ponsard, une jeune veuve de Salon-de-Provence, alors appelé
Salon-de-Craux. Le couple occupe la maison qui abrite aujourd'hui le Musée
Nostradamus. Il aura six enfants, trois filles et trois garçons ; l'aîné,
César, deviendra consul de Salon, historien, biographe de son père, peintre et
poète.
Nostredame prend le temps de
voyager en Italie, de 1547 à 1549. C'est d'ailleurs en 1549 qu'il rencontre à
Milan un spécialiste en alchimie végétale, qui lui fait découvrir les vertus
des confitures qui guérissent. Il expérimente des traitements à base de ces
confitures végétales et, de retour en France, il publie en 1552 son Traité des confitures et fardements.
En 1550, il rédige son premier «
almanach » populaire – une collection de prédictions dites astrologiques pour
l’année, incorporant un calendrier et d’autres informations en style
énigmatique et polyglotte qui devait se montrer assez difficile pour les
éditeurs, à en juger par les nombreuses coquilles. Dès cette date, Michel de
Nostredame signe ses écrits du nom de "Nostradamus". Ce nom n'est pas
l'exacte transcription latine de 'Nostredame', qui serait plutôt Domina nostra ou Nostra domina.
En 1555, installé à
Salon-de-Provence, il publie des prédictions perpétuelles (et donc en théorie,
selon l'usage de l'époque, cycliques) dans un ouvrage de plus grande envergure
et presque sans dates ciblées, publié par l’imprimeur lyonnais Macé (Matthieu)
Bonhomme. Ce sont les Prophéties, l'ouvrage qui fait l'essentiel de sa gloire
auprès de la postérité.
Sa renommée est telle que la reine Catherine de
Médicis l'appelle à la cour en 1555. Le motif de l'intérêt de la reine était
peut-être que, dans son dernier Almanach, Nostradamus avait mis le roi en garde
contre des dangers qu'il disait ne pas oser indiquer par écrit. En cette même
année 1555, donc, Nostradamus, inquiet des intentions de la cour (il craint
d'avoir la tête coupée), se rend à Paris, où il reçoit du couple royal des
gratifications qu'en public il qualifiera d'amples mais dont il se plaint en
privé qu'elles ne couvrent pas ses frais de voyage. Des nouvelles alarmantes
sur l'intérêt que la justice parisienne porte à la source de sa prescience
l'incitent à quitter Paris précipitamment. Il se persuade qu'on veut sa mort.
Dans les années qui suivent, il
est la cible de plusieurs pamphlets imprimés. Les attaques fusèrent de partout
: de France et d'Angleterre, des milieux protestants et catholiques, des laïcs
et des clercs, des poètes et des prosateurs, des adversaires de l'astrologie et
des astrologues de métier, des étrangers mais aussi de ses proches.
L'ordonnance d'Orléans du 31 janvier 1561 prévoit des peines contre les auteurs
d'almanachs publiés sans l'autorisation de l'archevêque ou de l'évêque. Le
jeune roi Charles IX écrit le 23 novembre 1561 au comte de Tende, gouverneur de
Provence, apparemment pour lui donner l'ordre d'emprisonner Nostradamus, car le
comte de Tende répond au roi le 18 décembre : « Au regard de Nostradamus, je l'ay faict saisir et est avecques moi, luy
ayant deffendu de faire plus almanacz et pronostications, ce qu'il m'a promis.
Il vous plaira me mander ce qu'il vous plaist que j'en fasse. » Le comte a
donc fait arrêter Nostradamus et l'a amené avec lui dans le château de
Marignane. Les deux hommes étaient amis et la prison tenait plutôt de la mise
en résidence. On ignore ce que le roi répondit au comte de Tende, mais tout
indique que l'incident resta sans suites.
Nostradamus rentra pleinement en
grâce auprès de la famille royale, puisqu'en 1564, à l'occasion du grand tour
de France, Charles IX, accompagné de Catherine de Médicis et de Henri de
Navarre (le futur Henri IV), lui rendit visite. À cette occasion, la reine le
nomma médecin et conseiller du roi.
Adam de Craponne finança
personnellement les travaux du canal qui porte son nom, mais dut également
faire des emprunts, notamment auprès de Nostradamus.
Certains, prenant à la lettre ce
que Nostradamus, dans la préface de la première édition de ses Prophéties, dit
de sa « comitiale agitation hiraclienne
», pensent qu'il souffrait d'épilepsie. Selon d'autres, c'est seulement par
image que Nostradamus désignait ainsi un état de transe qui accompagnait ce
qu'il croyait être sa révélation prophétique. En revanche, il est vraisemblable
(voir Leroy) qu'il fut atteint de la goutte et d'insuffisance cardiaque. Dans
le dernier quatrain des Présages, qui parurent en 1568, soit deux ans après sa
mort, on peut lire :
CXLI. Nouembre.
Du retour d'Ambassade. dô de Roy. mis au lieu
Plus n'en fera: sera allé a DIEV:
Parans plus proches, amis, freres du sang,
Trouué tout mort prés du lict & du banc.
Certains y ont vu la preuve qu'il
connaissait les circonstances de sa mort. On dit qu'on le retrouva mort, près
de son lit et d'un banc de bois, le 2 juillet 1566, au retour d'un voyage où il
avait représenté sa ville auprès du roi et y avait reçu le titre de médecin
ordinaire du roi. Ce qui est attesté, c'est qu'il représenta Salon-de-Crau en
ambassade à Arles auprès du roi en 1564, qu'il fut par la suite richement doté
par le roi.
Il fut retrouvé mort le 2 juillet
1566 au matin, et non en novembre, ce qui laisse cependant entier le doute
quant à la prophétie, puisque celle-ci ne sera publiée que deux ans après sa
mort, et en forme apparemment rétro-éditée. Il mourut à Salon-de-Provence d'un
œdème dit cardio-pulmonaire.
On connaît son testament et le
devenir exact de sa dépouille : son tombeau fut édifié dans l’église des
Cordeliers puis profané en 1793 par des sans-culottes, ses ossements étant
pillés et dispersés. Un marseillais, d’après la tradition locale, se serait
emparé du crâne et aurait bu dedans. Finalement le maire David fit transférer
les reliques qu'il avait pu sauver dans la collégiale Saint-Laurent,
à Salon-de-Provence.