Les Lutins
Le terme de Lutins rassemble tant de races qu’il est pratiquement impossible de donner des informations qui soient communes à toutes. Lutin viendrait du verbe « Lutiner » qui signifie « tourmenter, agacer comme le ferait un Lutin ». Cependant, cette étymologie n’est pas certaine et bien des auteurs donnent des explications variées dont aucune n’est avérée.
Etre fantastique dont le caractère varie avec celui des populations elles-mêmes. Les Lutins sont des génies capricieux, tantôt bienfaisants, tantôt malfaisants. Les démonologues ne voyaient en eux que d'authentiques petits démons complices des sorcières. C'est faux ou pas totalement vrai... car certains Lutins sont charmants ! Aujourd'hui, on connaît les petits êtres au bonnet rouge, qu'on appelle Lutins, haut comme trois pommes ou de la taille d'un nain. Le Père Noël en fait partie !
Il faut distinguer les Lutins, vivant en liberté dans la nature, des Lutins domestiques, ou Lutins du foyer. Parmi les Lutins sauvages, il faut encore distinguer les Lutins vivant de façon grégaire, qui logent dans les Lutinières souterraines et des Lutins solitaires, reconnaissables à leurs habits rouges.
Aspect
Il est petit et grand à la fois, d’un demi-pouce à trente centimètres.
Il est unique et multiple à la fois, visible et invisible, agile, propret mais nez sale et oreilles pointues. Mince et harmonieux, l’œil pétillant et rond comme une noisette. Doigts longs et agiles. Cheveux abondants et touffus. Il commence à vieillir vers trois cents ans. La barbe pousse et s’allonge en même temps que le crâne se dégarnit, et leur menu visage tout en pommettes et presque sans menton se fripe comme une vieille pomme réjouie. Il prend du poids et du bedon avec l’âge.
Vêtements
Haillons coquets démodés de couleur verte et brune, parfois accompagnés d’un tablier en cuir et de chaussures ridées. Très grand bonnet pointu rouge ou vert qui leur permet de se dissimuler. Poulaines rapiécées. Ils aiment courir tout nu dans la forêt. Si en échange de leurs services on leur offre des habits neufs, vexés, ils ne reviennent plus jamais. En été ils portent des justaucorps au suc des feuillages.
Mais en règle générale, ils ont un aspect et un goût vestimentaire qui rappellent l'endroit où ils vivent. Par exemple, les Lutins des forêts ont parfois la barbe verte comme la mousse, une peau d'écorce, des colliers de petits fruits. Une jeune feuille de rhubarbe sauvage leur sert de chapeau...
Nourriture
Ils sont gourmands et reprennent dix fois de tout.
Habitat
Ils vivent dans des Lutinières aussi grouillantes que d’immenses termitières, mais dans lesquelles le jeu et les cabrioles remplacent le travail. Elles sont bâties en dur, avec une espèce de torchis à base de glaise, de mousses et d’herbes parfumées, situées sous les collines, les talus, les pierres levées, dans les bois entre les racines de chênes ou d’ifs géants. Ils en sortent rarement, cependant on les trouve ici et là : dans les caves et les greniers, sous les lits, au fond des armoires ou de la boîte à ouvrage.
Les Lutins vivent surtout en France, pourtant certains, attirés par les “verdoyantes féeries”, ont gagné le sud-ouest de l’Angleterre pour s’assimiler aux Pixies. On signale aussi un cousin Brag à grelots dans le Yorkshire, deux ou trois Kwelgeert et Plageert en Flandres et quelques autres en Allemagne, en Italie. D'autres Lutins, plus farouches, vivent au sein de la nature : Lutins des forêts, des collines, des champs, des lacs, des souterrains, des pays gelés.
Mœurs
Espiègles, farceurs, un peu voleurs, taquins, fripons, lutineurs, ce sont aussi de courageux travailleurs et de redoutables guerriers. S’ils vadrouillent beaucoup derrière les filles et les fées, ils restent fidèles toute leur vie à l’amour de leur Lutine et les suivent dans la mort. Les Lutins ne sont pas tout à fait immortels, ils peuvent succomber de mort violente, accidentelle ou de chagrin.
Grâce à une sorte de chapeau – le Tarnhelm – ils ont la possibilité de disparaître, ou de se transformer en humains ou en bêtes ou même en objets inanimés. Les Lutins aiment à prendre l'apparence de hérissons et les Lutines de belettes.
Les Lutins ne sont pas craintifs ; on prétend cependant que si les poils de l’âne ne s’embrouillent jamais c’est qu’ils répugnent à y toucher à cause du rôle de cet animal au moment de la Nativité. L’odeur du crin brûlé par un cierge béni les éloigne des écuries.
Activités
Les Lutines, plus précisément les Lupronnes, aiment à prendre l’apparence de simples belettes, elles traversent des sentiers devant les promeneurs puis les narguent en faisant mille grâces. On vante leur joliesse, ravies, elles se rengorgent et envoient des baisers.
Les Lutins ne tiennent pas en place. S’ils ne travaillent pas, ils s’amusent beaucoup et se reposent rarement. Il est fréquent de les voir au fil des ruisseaux sur les radeaux des nénuphars, mais ils ne plongent jamais dans l’eau, comme le prouve leur visage toujours un peu sale. Ils adorent voler des chevaux et des poneys pour de folles chevauchées nocturnes d'où les animaux reviennent la crinière toute emmêlée. Ils aiment à s'amuser mais travaillent dur en battant le blé la nuit en échange de pain et de fromage.
Ils dansent à l'ombre des menhirs et vont gambader sur les rives des torrents. On peut entendre leurs clochettes jusqu'au cœur des collines les plus reculées. Ils peuvent prendre diverses apparences comme par exemple celle d'un hérisson. Le Bona, Lutin d’Auvergne, se plaît à emprunter l’aspect d’un cabrettaïre. Malgré tous ses magiques efforts pour grandir, il n’a jamais réussi à passer la taille d’un pied de quarante-deux centimètres.
Les Lutins sont de très ingénieux teinturiers, ils connaissent les propriétés colorantes des écorces et les petits habitants du royaume forestier viennent fréquemment leur porter leurs habits pour les teintures de saison.
Ces représentants du Petit Peuple n'hésitent pas à rendre service aux humains ; ce sont les Lutins dits domestiques. D'après la tradition, certaines chaumières ont leur propre Lutin. Celui-ci aide les servantes et surveille la cuisson, il console les enfants tristes et prend soin des animaux. Les Chorriquets, Bonâmes, Penettes, Gullets, Boudig, Bon Noz s’occupent surtout du bétail et des chevaux qu’ils soignent, pansent, étrillent et peignent soigneusement leurs crins, qu'il leur arrive de tresser comme des chevelures. Mais il ne faut pas manquer de respect à son égard, au risque de le perdre à jamais ou bien qu'il jouât les plus vilains tours. Ceux qui restent à la maison ne sont pas à l'abri de leurs farces, car ils s'amusent aussi à lancer pots et marmites aux filles de cuisine.
Des Lutins s'appellent les cordonniers féeriques, parce que ils font des chaussures pour les elfes (mais toujours une chaussure, jamais une paire).
Mais leur activité principale reste quand même « d’enlutiner » !
Un fermier reconnaissant, ayant remarqué que le Lutin qui battait son blé était vêtu de loques, dit à sa femme de lui faire un habit à sa taille, et le laissa sur son lieu de travail. Le Lutin, quand il aperçut l'habit neuf, oublia le grain, ravi, il endossa le costume et se mit à chanter :
« Manteau neuf, Gilet neuf,
Un beau pantalon !
Vous êtes fiers, moi content,
Plus jamais je ne travaillerai ! »
Ce qu'il fit, laissant le paysan regretter sa gentillesse.
Les femmes Lutins sont généralement appelées Lutines et Lupronnes.
Autres noms : Letien, Liens, Lubberkin, Lubin, Lubrican, Luchorpan, Ludion, Luirons, Luisons, Lupin, nutons, Utin,
Le Lutin de Cornouailles, qu'on appelle aussi Luton, Ludion et Lupron, habite le comté de Dartmoor.