Le mot français "magie"
vient du latin magia, lui-même issu du grec μαγεία (mageia), « religion des
mages perses », « sorcellerie ».
Le mot maguš, « mage » en
vieux-perse, est visible pour la première fois sur une inscription gravée en
515 av. J.-C. à Béhistoun (Perse antique, Iran actuel), sur les exploits de
Darius Ier, roi de Perse, qui a renversé en 522 av. J.-C. Gaumâta, un mage mède
qui s'est proclamé roi de l'empire perse. Certains Mages sont prêtres. Ils ont
diverses fonctions : interpréter les songes, pratiquer la divination, sacrifier
au Soleil, à la Lune,
à la Terre, au
Feu, à l'Eau et aux Vents, chanter la théogonie, participer au pouvoir
politique, faire des sacrifices royaux, procéder à des rites funéraires. Comme
le montre une sculpture de Kizkapan, ils portent un bonnet qui couvre la
bouche, ils officient sur un autel du feu. Le mot "mage" existe donc
en Occident depuis le Ve s. av. J.-C.
Vers le milieu du IVe siècle av.
J.-C. le mot Mageia (en latin magia) est employé par les Grecs en tant que
doctrine issue de la Perse,
notamment avec Zoroastre (vers 590 av. J.-C. ?). Parmi les Mages perses (et non
plus mèdes), ou prêtres de Zoroastre, les plus célèbres sont : Ostanès le Mage
et Hystaspe, qui seraient venus en Occident dès 480 av. J.-C. Ils auraient
accompagné Xerxès Ier, roi de Perse, en pleines "guerres médiques",
jusqu'à Abdère. Le latin magus paraît dès 506 au concile d'Agde.
Mage, magicien, magiste
- Le mage est un sage, qui connaît les secrets de la
nature (les rois mages).
- Le magicien est un praticien, il réalise des
merveilles ; dans les années 1760, on disait le comte de Saint-Germain
magicien, car, soi-disant, il vivait depuis l'époque de Jésus, ne mangeait
pas, créait des pierres précieuses, faisait disparaître les taches des
diamants, transmutait les métaux en or...
- Le magiste est un sage praticien, il est à la fois
savant comme le mage et habile comme le magicien ; au XIXe s., on
considérait Helena Blavatsky et Papus comme des magistes.
- Le sorcier (en anglais sorcerer) cherche à faire du
mal, par diverses techniques magiques. La puissance du magicien est
merveilleuse, celle du sorcier diabolique et infernale.
- Le mage noir (en anglais witch) nuirait par
lui-même, du fait de sa présence ou de ses pouvoirs supposés maléfiques.
- D'autres personnes font des « miracles », mais
autrement. Le médium et le prodige ont un don ; le saint et le mystique
comptent sur Dieu.
La pratique de la Magie repose sur la croyance
que l’esprit humain est tout-puissant sur le monde qui l’entoure et qu’une
pensée déterminée, bien orientée, bien concentrée, peut se concrétiser, influer
sur les choses et les êtres. Selon les esprits matérialistes et la plupart des scientifiques,
il s’agit d’un phénomène physiquement impossible et dépourvu de fondement scientifique.
Selon les magiciens, un pouvoir ou une force secrète servirait de truchement
entre le monde mental et le plan de la réalité physique. La Magie est, en effet,
présentée par ses adeptes comme l’utilisation d’un pouvoir ou d’une force pour
influencer une cible donnée (le praticien lui-même, une tierce personne, une
collectivité, une chose). Les adeptes de la Magie occidentale contemporaine définissent ainsi
le rôle des pratiques magiques : mettre en action cette fameuse force ou ce
pouvoir pour influencer la destinée d’une cible. La connexion peut être
facilitée par des accessoires, comme les encens ou des ingrédients.
D’après certaines théories
magiques, l’opérateur doit établir une connexion psychique avec la cible de son
action. Il doit ensuite imaginer cette cible dans la situation qu’il souhaite
lui voir arriver. Tout cela s’effectue par concentration et visualisation
mentale, mais les magiciens s’aident aussi de la parole (alors appelée
"incantation"). Cependant, l’être humain ne peut rester concentré sur
le même objet bien longtemps. Pour remédier à cela les magiciens utilisent un
objet magique (appelé « témoins »). Ce dernier, mis en scène dans un rituel, a
pour fonction de faciliter la connexion en question, en aidant le praticien à
se concentrer sur sa cible d’une part et sur l’effet qu’il désire d'autre part.
Il existe traditionnellement deux sortes de témoins : les témoins d’action
(représentations de l’effet désiré, de la situation telle que l’on voudrait
qu’elle soit) et les témoins-cibles (représentation de l’individu ou de la
collectivité visée). Tous deux entrent dans les facteurs de base de l’action
magique.
Un rituel magique peut inclure
l'emploi d'un glyphe particulier, déterminé en fonction de l'influence
planétaire qui correspond au but poursuivi.
Les témoins d’action, qui ont
donc pour fonction d’aider le magicien à se concentrer sur l’effet désiré, à
s'immerger dans son désir, peuvent être des dessins, des symboles
(astrologiques…), de l’encens, des bougies d’une certaine couleur, des huiles…
ayant des correspondances de type analogique, archétypal, avec l'effet voulu.
La couleur noire, le nombre des
bougies sont déterminés en fonction du but poursuivi, d'après des codes
ésotériques de correspondances.
Dans le cas d’un sort d’amour, le
témoin d’action peut être : le dessin d’un cœur, le symbole de la planète Vénus
(du fait que celle-ci est associée en astrologie à l’amour), de l’encens de
rose (car la rose est traditionnellement associée à la notion d’amour), de
l’huile essentielle de rose, une ou plusieurs bougies de couleur rouge (cette
couleur étant associée à la passion), etc. Les correspondances peuvent
s’appliquer jusqu'à la quantité de bougies : le 15 sera ici de rigueur, car ce
nombre est, en numérologie, le signe de l’amour. En somme, un témoin d’action
est la représentation symbolique, archétypale, de l’effet désiré.
Fonctionnement
Chaque tradition ou culture
possède ses propres définitions des catégories magiques.
- La magie noire a des effets négatifs du fait même
du magicien, de sa personne, et la sorcellerie a des buts consciemment
maléfiques et des moyens intentionnellement négatifs
("diabolisme"). Les mages noirs et les sorciers passent pour
être néfastes à la société, ils empoisonnent, ensorcellent, lancent des
imprécations, invoquent des diables ou démons, utilisent des figurines
d'envoûtement, nouent l'aiguillette (ils provoquent l'impuissance
sexuelle), provoquent des sécheresses ou des orages, etc. En 1317,
l'évêque Hugues Géraud de Cahors fut condamné au bûcher car il avait
essayé de tuer le pape Jean XXII avec des images de cire.
- La magie blanche, elle, concerne une utilisation de
la Magie à
des fins altruistes, ou préventives ("magie bleue"), avec des
moyens presque toujours positifs, bénéfiques. Elle guérit, protège,
exorcise, renforce, réconcilie... Elle invoque les "esprits
bons", Dieu..., pas les mauvais démons.
La distinction magie noire/magie
blanche recoupe presque la distinction entre magie illicite (ars prohibita) et
magie licite, mais aussi la distinction entre magie diabolique (qui repose sur
l'aide de mauvais démons) et magie naturelle (reposant sur un agencement
adéquat des causes physiques). J. Pic de la Mirandole dit sur cette
dernière distinction : "Il y a une double magie. L'une relève tout entière
de l'activité et de l'autorité des démons (...). L'autre n'est rien d'autre que
l'achèvement absolu de la philosophie de la nature (exacta et absoluta cognitio
omnium rerum naturalium)."
Selon la Bible Sataniste,
il n'existe pas deux formes de magies: la magie n'est pas manichéenne avec une
bonne et l'autre non. Selon Anton Szandor LaVey il n'existe qu'une seule magie
mais plusieurs manière de s'en servir : ainsi, certains s'en serviront pour
punir et d'autres pour guérir.
- La magie rouge fait son apparition - du moins le
terme - vers 1840. La plupart des définitions de la magie rouge
l'associent à la sexualité, à l'amour, à la séduction et au plaisir
amoureux ou charnel.
- La magie verte ne concerne que l'ordre naturel
végétal (voire animal, si les bêtes sont sauvages).
- La magie bleue désigne parfois toutes les magies de
protection.
Méthode : magie opératoire,
magie naturelle
Une deuxième opposition met face
à face deux magies, l'une rituelle, l'autre physique : la magie opératoire et
la magie naturelle. Agrippa insiste sur cette distinction.
- La magie rituelle, au niveau le plus simple, est
une magie opérative, c'est-à-dire faite d'actes réfléchis et efficients.
Il suffit d'émettre un son, de poser un objet près d'un autre... Il faut
aussi quelques conditions, dont les plus importantes sont, dit-on,
"le respect scrupuleux des règles" et "la force magnétique
de l'opérateur". Ces conditions sont déjà si difficiles, que tout
échec en magie finit par s'expliquer ! Si l'on ajoute le choix de l'heure
propice, du lieu consacré, de l'objet approprié, la magie devient quasi
impossible. Le rite du cercle magique est célèbre. Le magicien, avec une
épée ou une baguette, trace autour de lui un cercle, pour se protéger
d'influences négatives, à l'extérieur, et pour attirer à l'intérieur des
puissances positives. Les rites magiques les plus courants sont, quant à
la fonction, les rites de renforcement de puissance, de protection, de
guérison, de divination, et pour la forme, les incantations, les gestes,
les sacrifices... Les grimoires, la franc-maçonnerie occulte, les
rosicruciens, la
Golden Dawn proposent à leurs adeptes des rituels très
complexes.
- La magie naturelle est presque une science
ordinaire. Les faits existent depuis toujours. Anthème de Tralles, au VIe
s., savait, techniquement, créer le tonnerre. La notion n'apparaît que
vers 1230, grâce à Guillaume d'Auvergne et Roger Bacon et à d'autres
auteurs. Della Porta, à la fois magicien et physicien, la définit ainsi :
"Naturelle..., cette magie, douée d'une plantureuse puissance, abonde
en mystères cachés et donne la contemplation des choses qui gisent sans
être appréhendées, et la qualité, propriété et connaissance de toute
nature comme sommet de toute philosophie." En d'autres termes, c'est
de la science physique, mais elle porte sur des phénomènes mal connus ou
elle crée des phénomènes qui semblent des miracles sans en être, par
exemple les feux grégois, l'attraction du fer par l'aimant, les monstres,
les illusions d'optique, la prestidigitation. L'antique Claude Élien a
donné la clef : "La nature est, elle aussi, magicienne."
Usage : magie médicale, magie divinatoire...
Il existe différentes sortes de
Magie:
- Magie cynégétique. C'est la magie pour la chasse.
- Magie divinatoire. Magie et divination ont été
confondues jusqu'au début du XIIIe s., puis on les distinguées, mais on
peut les réunir, quand il s'agit d'interroger occultement le passé, le
futur, les secrets, les cachettes. Le cas le plus violent est la
nécromancie, où le magicien interroge un mort. Le cas le plus élevé est la
théurgie, quand le magicien interroge un dieu ou un ange ; John Dee, avec
un médium, a pratiqué des "conversations angéliques" (1581) :
"Edward Kelly est un voyant de grande qualité. Il a invoqué et parlé
avec Uriel, l'un des Sept Anges. Il prie d'abord avec moi le Seigneur,
puis invoque le Bon Ange, écoute ses paroles et répond."
- Magie érotique ou magie sexuelle (en) ou magie
rouge. Les moyens traditionnels sont bien connus, du moins en théorie.
Déjà Sophocle les cite : "Si, par des philtres et par des charmes qui
touchent Héraklès, je l'emporte sur la jeune fille, j'aurai conduit mon
plan avec art." Herbes et incantations. Mais d'autres moyens seraient
disponibles, comme la magie de rapprochement, la magie par contact qui
permet d'agir sur un objet qui appartient à la personne désirée, les
parfums, les visualisations, les rituels...
- Magie initiatique. Depuis la préhistoire, il existe
des initiations où l'on transmet un instrument, une technique, un savoir
magiques, ou qui donnent l'initiation grâce à des opérations magiques
telles que l'évocation d'un maître défunt, l'usage d'un talisman.
- Magie médicale. Le premier usage de la magie fut
probablement la médecine. Quand tous les moyens ordinaires échouent,
comment ne pas songer à la magie ? On a alors l'embarras du choix quant
aux moyens : pierres ou plantes ou animaux magiques, formules ou gestes
magiques, imposition des mains, transes médiumniques, prières... Et les
spécialistes sont foule : guérisseurs, rebouteux, radiesthésistes,
magnétiseurs, chamanes...
Supports extérieurs : plantes, astres, nombres, symboles...
Un texte magique grec pointe déjà
le sujet : "Ce sont dans les plantes, les formules et les pierres que
résident tout l'art et la faveur et le pouvoir magique de l'effet
cherché." Marsile Ficin fait une liste des sept choses qui peuvent attirer
les influences célestes, d'après les planètes, en commençant par les supports
extérieurs, physiques : Lune (pierres, métaux, etc.), Mercure (plantes, fruits,
animaux), Vénus (poudres, vapeurs, odeurs), Soleil (mots, chants, sons), Mars
(émotion, imagination), Jupiter (raison), enfin Saturne (contemplation
intellectuelle, intuition divine). Il recommande "les émotions, le chant,
l'odeur et la lumière" pour capter les divinités planétaires.
- Choses magiques. Pour un mage comme Henri-Corneille
Agrippa, le monde "élémental", celui des quatre ou cinq Éléments
(Terre, Eau, Air, Feu, Éther), est inférieur, mais "il est gouverné
par son supérieur et reçoit ses influences, en sorte que l'Archétype même
et le Créateur souverain ouvrier nous communique les vertus de sa toute
puissance par les anges, les cieux, les étoiles, les Éléments, les
animaux, les plantes, les métaux et les pierres." La magie
élémentaire porte sur les Éléments, la magie astrale sur les "esprits
planétaires" (ceux de Vénus, Mars, , etc.)... Les reliques de saints,
depuis le VIe s. sont supposées avoir des dons miraculeux, leurs tombes
aussi.
- Fumigations et parfums. L'encens, les odeurs, etc.
attirent ou repoussent des forces naturelles ou des "esprits".
Selon le Picatrix (I, 2), "les fumigations donnent des forces et
attirent les esprits vers les images", les images magiques.
- Nombres magiques. Depuis Pythagore, les magiciens
distinguent des supports intelligibles (sons, formes, principes) et des
supports sensibles (lettres de l'alphabet, figures géométriques, nombres),
et ils croient savoir que les nombres sont des principes d'organisation,
des forces.
- Signes magiques. Pour le pseudo-Paracelse de
l'Archidoxe magique, "les caractères [écritures et symboles
occultes], les mots et les sceaux [images astrologiques] ont en eux-mêmes
une force scrète en rien contraire à la nature et n'ayant aucun lien avec
la superstition."
Jean Pic de la Mirandole mentionne
"les paroles et les mots", "les nombres", "les
lettres", "les caractères, les figures", la musique. Le magicien
puise souvent dans des "images sacrées", des "images
divines". Il s'agit de symboles graphiques (comme le pentagramme), de
"charactères" (lettres ou hiéroglyphes, "sceaux
planétaires"), de symboles, de "carrés magiques", de talismans
ou amulettes ; pour le magicien, agir sur ces figurations de forces équivaut à
agir sur les forces figurées elles-mêmes. Le magicien mésopotamien ou égyptien,
par exemple, fait couler de l'eau sur une statue couverte d'inscriptions
magiques : l'eau entraîne les caractères, et sera utilisée, en boisson, comme
médicament ou potion. L'usage de figures, dessins est bien connu. Toute
représentation d'un magicien le montre avec la figure d'un pentagramme ou d'un sceau
de Salomon. Un sommet de la magie des images est "l'art notoire",
développé au XIIe et XIIIe siècles : le sujet, en général un moine ignorant,
"en jeûne et oraison", contemplait longuement des figures
géométriques ("notes") représentant une science, et il comptait ainsi
pouvoir l'acquérir, par magie de contagion.
Supports intérieurs : parole, geste, imagination, volonté
Le magicien peut puiser en
lui-même une force magique de différentes manières :
- La parole magique est supposé efficace à condition
de connaître l'intonation correcte et les mots magiques (voces magicae).
La parole magique est, au choix, une prière, une incantation, une formule,
des "mots barbares, " un nom d'ange, une invocation, une
onomatopée, une suite de voyelles... Les magiciens citent la parole
biblique : "Que la
Lumière soit", ou la formule de consécration
romaine Si fas est ("si c'est permis", selon les lois divines ou
par les lois naturelles).
- Le geste magique est un acte supposé efficace, en
particulier le sacrifice. Le geste magique exige souvent des instruments.
Les plus connus sont la baguette magique, le miroir magique, le caducée
d'Hermès, l'étoile flamboyante. Il faut ajouter des objets plus courants,
comme les cierges liturgiques, les coupes d'eau lustrale.
- L'imagination magique, par visualisations,
symbolisations, rêves, fantasmes, poésie, est censé changer les choses. Le
magicien n'invente pas une image, il trouve en esprit la vraie image des
choses, par exemple pour l'homme celle d'un pentagramme, pour la planète
Saturne celle d'un vieillard. Le rôle de l'imagination a été souligné par
Marsile Ficin, Paracelse.
- La volonté magique est une force aussi réelle que
la volonté physique ou la vapeur. La magie, dit l'illuministe Jacob Böhme,
«n’est en soi rien qu’une volonté, et cette volonté est le grand mystère
de toute merveille et de tout secret: elle s’opère par l’appétit du désir
de l’être.» La pensée unit telle chose à telle chose, selon sa volonté.
Supports spirituels : angélologie, démonisme, chamanisme, théurgie
Lorsque le magicien n'a pas assez
de puissance ou si les objets magiques ne sont pas suffisamment puissants, il
peut faire appel à des esprits pour l'aider dans sa tache, bénéfique ou
malfaisante. Ainsi il peut invoquer les démons, les incubes et succubes (démons
sexuels), les esprits de la nature, les âmes des morts, les fées, les anges ou
même les dieux.
Les magiciens ont parfois recours
à un assistant magique, appelé "parèdre", qui est un démon, un dieu,
un génie, un esprit, l'âme d'un mort. "On acquiert un démon comme
assistant : il te dira tout, il vivra, mangera et dormira avec toi."
- Angélologie. Certains magiciens disent agir grâce
aux anges, dont ils connaissent les noms ou les "caractères"
(glyphes, signes) qui les représentent ; ils sauraient les invoquer et
leur ordonner. Un kabbaliste chrétien, Johannes Reuchlin, parle des 72
anges qui "ont pouvoir sur la terre entière" et ont chacun un
Nom secret correspondant à un pouvoir de Dieu (Schemhamphoras) ; il ajoute
d'autres noms : Metraton ("prince de l'univers"), Raphaël
(gouverneur du Ponant), etc.
- Démonisme. Le recours aux esprits malfaisants
("magie démoniaque") au moyen d'invocations ("goétie")
ou de rites ("basse magie") laisse épouvanté. Pourtant, cela
existe et relève du satanisme ou de la magie noire. Mais toutes sortes
d'"esprits" existent, pour un magicien, dans les eaux, au ciel,
dans les organes, partout, on peut les évoquer et obtenir un résultat.
"Un certain Harnouphis, mage égyptien de l'entourage de Marc Aurèle,
appela des génies par art magique, notamment Hermès Aérios, et, par leur
entremise, il provoqua, dit-on, la pluie." Déjà Platon associe magie
et démons. Saint Augustin ramène tous les supports à l'action des démons :
Avec des herbes, des pierres, des animaux, des sons et des paroles déterminées,
des représentations et des images, reflétant les mouvements des astres
observés dans leur évolution céleste, les hommes pouvaient fabriquer sur
terre des pouvoirs capables de réaliser les différents mouvements des
astres... Tout cela vient des démons qui se jouent des âmes soumises à
leur pouvoir" (Cité de Dieu, X, 11).
- Nécromancie. Une classe courante de magie concerne
la magie de la mort et des âmes des morts. Elle inclut, entre autres, les
célèbres magies concernant les morts-vivants, les zombis, les fantômes.
- Médiumnisme. Le magicien peut passer par un médium
à transe, un somnanbule. Crowley est entré en haute magie en utilisant, au
Caire, les dons de médium de sa première femme, Rose Kelly.
- Chamanisme. Un chamane, par définition, entre en
communication avec les esprits-maîtres des animaux, qui sont ses
"auxiliaires." Le premier chamane occidental, Aristéas de
Proconnèse (vers 600 av. J.-C.), était supposé "prendre la forme d'un
corbeau" ; la légende en fait un mage capable de se trouver dans deux
lieux distincts à la fois (bilocation), qui pouvait vivre sans manger
(inédie).
- Théurgie. On n'est pas si loin de l'angélologie
pratique. "La théurgie est une forme de magie, celle qui permet de se
mettre en rapport avec les puissances célestes bénéfiques pour les voir ou
pour agir sur elles (par exemple en les contraignant à animer une statue,
à habiter un être humain, à révéler des mystères)." Le théurge
invoque ou évoque des "entités supérieures", archanges, anges,
génies, esprits ou dieux ("haute magie"), et il s'élève à elles
ou bien il les fait descendre vers lui ("télestique"), soit par
des moyens spirituels comme la méditation soit par des moyens matériels
comme les herbes, la musique, le rhombe.
Bref la magie qui invoque des
diables ou démons malfaisants, c'est de la goétie, celle qui invoque des anges
bienfaisants ou dieux, c'est de la théurgie ; les deux forment la "magie
cérémonielle."
Souvent, tous les supports
interviennent. Soit le "rituel d'appel de forces". "Il faut
d'abord se procurer une feuille de parchemin animal [symbole] sur laquelle on
écrira sa demande. Le rituel s'effectuera en lune ascendante [astre], soit dans
l'oratoire, soit en plein air [condition de lieu], la nuit [condition de
temps]. Sur l'autel sont disposés : le parchemin enveloppé de soie, deux
cierges liturgiques [Élément Feu], de l'eau lustrale [Élément Eau], un bol de
terre ou un crâne [Élément Terre], de l'encens dans un brûle-parfum [Élément
Air]. On tracera [expression par geste] le cercle de protection. On prend son
couteau rituélique à manche noir [instrument] et on dit [expression par parole]
: Introïbo ad altare Demiurgi, puis on lit les psaumes 2, 6, 101, 129 et 142.
On visualise [expression par imagination] alors sa demande : si on souhaite de
l'argent, on voit des piles de beaux billets. On appelle le génie que l'on a
choisi [démonisme]. On attend jusqu'à ce que l'on sente la présence de l'entité
appelée [expression par volonté], et, croyez-moi, on la sent. On lit à nouveau
le texte du parchemin, puis on récite la formule suivante : Demiurgus
Caeli..."
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