Antillia ou Antilia
L'île d'Antillia ou Antilia est une île fantôme de l'océan
Atlantique, prétendument située à l'ouest de l'Espagne. Elle est souvent
confondue avec l'île des Sept Cités, Sept Cités, ilha das Sete Cidades (en
portugais), Septe Cidades, Sanbrandan (ou Saint-Brendan). Certains encore
trouvent un rapport entre Antilia et l'Atlantide; d’autres, versés dans la
connaissance des langues orientales, ont pensé qu'Antilia correspondait au
Djeziret-el-Tennyn ou île des serpents des cosmographes arabes ; en effet, sur quelques
cartes du XIVe et du XVe siècle est figurée une île près de laquelle un homme
est dévoré par des serpents. Antilia pourrait aussi être la traduction de
l'arabe Tennyn. On a encore prétendu que l'étymologie d'Antilia était ante
insula, île antérieure, et, dans ce cas, Antilia ne serait qu'une réminiscence
de cette île mystérieuse de l'Océan qu'Aristote nommait antiporymos et
Ptolémée' aprositos.
Pedro de Médina, écrivain espagnol du XVIe siècle, rapporte
que, dans un Ptolémée offert au pape Urbain VI, qui régna de 1378 à 1389, il
remarqua l'île Antilia qui portait la légende suivante :
« Isla
insula Antilia, aliquando a Lusitanis est inventa, sed modo quando quaeritur,
non invenitur ».
Il est probable qu'il ne s'agit ici que d'une de ces cartes
supplémentaires que les savants ajoutaient aux manuscrits de Ptolémée, au fur
et à mesure des découvertes géographiques, afin de mettre en quelque sorte au courant
leur auteur favori, car nous ne trouvons l'île Antilia marquée sur aucune des
cartes datant du XIVe siècle. Il est vrai qu'on a encore voulu trouver
l'Antilia sur la carte dressée en 1367 par Pizzigani. On distingue en effet sur
une île très à l'ouest dans l'Atlantique sur laquelle figurent deux statues
avec la mention suivante :
« Hae sunt
statuae quae stant ante ripas Antilliae, quarum quae in fundo ad securandos
homines navigantes, quare est fusum ad ista maria quousque possint navigare, et
foras porrecta statua est mare sorde quo non possint intrare nautae ».
Mais la carte de Pizzigani est d'une lecture difficile. Ad ripas Antilliae se lit tout aussi bien que Ad ripas Atullio,
et méme Ad ripas istius insulae.
Ce n'est donc pas au XIVe, siècle qu'on trouve l'Antilia mentionnée avec
précision.
La première indication certaine de l'Antilia est fixée à
l'année 1414, époque à laquelle, d'après Behaim, un navire espagnol s'approcha
pour la première fois de cette île et la fit connaître à l'Europe. Dès lors
l'Antilia figure en effet sur presque toutes les cartes. Jean-Antoine Letronne
dans une série d'article sur le livre de Alexandre de Humboldt Examen critique de
l'histoire de la géographie du Nouveau continent et des progrès de l'astronomie
nautique aux XVe et XVIe siècles,
indique dans Journal des savants de l'Institut de France, confirme le
terme Antillia apparaît sur les cartes marines et mappemondes après le XIVe
siècle. L'île d'Antilia est indiquée notamment sur le globe de Martin Behaim
(1491-1493), sur la carte de Paolo Toscanelli (1468), celle du Génois
Bartolomeo Pareto, dressée en 1455 et publiée par Andrés, la mappemonde de Fra
Mauro en 1457 et la carte d'Andrea Benincasa dressée en 1476, ainsi que sur
l'Atlas d'Andrea Bianco (1436) publié par Formaleoni en 1789. La carte du
Vinland (1434) indique une île nommée « Antilia » située au nord d'une autre
île nommée « île de Branzilæ ». La carte marine de Pizzigano (1424) indique
également une île de couleur rouge nommée « Antilia ». On la retrouve sur le
Portulan Ancônitain de 1474, conservé à la bibliothèque grand-ducale de Weimar,
et sur celui du Génois Beccaria ou Becclaria conservé à la bibliothèque de
Parme.
Le mathématicien florentin Toscanelli, qui fut le
correspondant de Colomb et le confirma dans sa résolution de chercher à
l'occident la route des Indes, avait dessiné avec soin une carte du voyage à
entreprendre dans cette direction, et l'Antilia y figurait comme station
intermédiaire sur la route de Lisbonne aux Indes par l'ouest. Dans la lettre
qui accompagnait cette carte, il parle de l'Antilia comme d'un pays connu :
« Depuis
l'île Antilia que vous connaissez, jusqu'à la très noble île de Cippangu, etc.
».
Malheureusement la carte de Toscanelli est perdue, et il est
à peu près impossible d'évaluer avec précision les distances fixées par
l'érudit florentin.
Toutefois un globe dressé quelques années plus tard par
Behaim, et qui est à ce qu'on croit 'une reproduction de la carte de
Toscanelli, positionne Antilia sous le 33e de longitude occidentale. Ortelius
et Mercator la dessinent encore dans leurs atlas. En général toutes ces cartes
lui donnent une forme rectangulaire, et en font un pays à peu près aussi grand
que l'Espagne. Les côtes sont décrites avec une grande apparence d'exactitude.
On y retrouve les mêmes détails que dans ces terres imaginaires du pôle nord ou
du pôle sud qu'on dessina avec tant de soin dans les atlas jusqu'au XVIIIe
siècle. Donc à partir de XIVe siècle tous les marins ont cru à l'existence de
l'Antilia.
Antilia disparaîtra des cartes quand le Nouveau-Monde sera
découvert. Si aujourd'hui ce nom s'applique encore à tout un archipel, c'est
l'effet d'un pur hasard géographique. Colomb, Oviedo, Acosta, Gomara et les
premiers historiens espagnols de l'Amérique ne parlent jamais de l'Antilia. Les
mappemondes ajoutées suivant l'usage aux éditions de Ptolémée ne la mentionnent
pas davantage. Sur les cartes de Juan de la Cosa ou de Ribeira il n'y a pas
trace du nom des Antilles.
Dans le recueil italien de Toutes les îles du monde par
Benedetto Bordone, dans l'Isolario de Porcacchi, dans la Cosmographie d'André
Thevet, dans la Description des Indes par Herrera, jamais ne figure le
nom d'Antilles.
L'archipel qui porte aujourd'hui ce nom est désigné sous la
dénomination de Lucayes, Caraïbes, ou bien encore de Camercanes. Sans doute
Pierre Martyr d'Anghiera avait déjà proposé ce nom dans ses Décades, et Amerigo
Vespucci, la seule fois qu'il cite Colomb, parle aussi d'Antilia, mais, malgré
cette double autorité, le nom d'Antilles, pendant encore tout un siècle, devait
être inconnu. C'est seulement à partir du XVIIe siècle que la grande célébrité
des cartes de Wytfliet et d'Ortelius, qui, sans doute par souvenir d'érudition,
avaient fait revivre cette appellation, fixa pour toujours sur les cartes
d'Amérique.
L'Antilia n'a donc été qu'un mythe géographique, mais auquel
on cessa de croire beaucoup plus vite qu'on ne l'avait fait pour l'île de Saint
Brandan. Seulement, par un singulier hasard, aucune terre ne porte aujourd'hui
le nom du saint Irlandais, tandis que le magnifique archipel de la mer du
Mexique a conservé le nom qui ne lui fut définitivement attribué que longtemps
après sa découverte. Ce mythe, quelle qu'ait été sa fortune, prouve donc, une
fois de plus, combien était profondément gravée dans les esprits la croyance à
l'existence d'îles ou de continents dans l'Océan Atlantique.
Baltia
Baltia est une île légendaire dans la mythologie romaine,
censée se trouver au nord de l'Europe. L'île est mentionnée par Xénophon
d'après l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien. De là proviendrait le nom de la
mer Baltique. Différents chercheurs
ont placé l'île légendaire en Zélande (Pays-Bas) ou l'ont assimilée à une autre
île de la
mer Baltique -
îles estoniennes, sur les rivages de l'actuelle Lituanie, dans la partie la
plus méridionale de la Scandinavie (aujourd'hui appartenant à la Norvège et à
la Suède), ou encore à l'archipel de Heligoland dans la mer du Nord. Cependant,
ces deux derniers lieux ne semblent pas être de bons candidats, n'étant pas des
endroits « sur les rivages desquels l'ambre est charriée par les vagues du
printemps, étant une excrétion de la mer dans sa forme solide ; comme, aussi,
les habitants utilisent cette ambre comme carburant », ainsi que Pline l'Ancien
décrit Baltia dans son Histoire naturelle (utilisant alternativement les noms
de Baltia, Basilia et Abalus) ; en effet, l'ambre ne s'y trouve pas en grandes
quantités.
Bouïane
Dans la mythologie slave, Bouïane (en russe Буя́н) est une île
légendaire de la Mer océane, qui a la capacité d'apparaître et de disparaître à
volonté. Trois frères y vivent : le Vent du Nord, le Vent d'Ouest et le Vent
d'Est. Il s'y passe nombre d'évènements étranges.
Kochtcheï l'Immortel y cache sa mort dans une aiguille, elle-même à l'intérieur
d'un œuf, dans un chêne mystique (l'Arbre du Monde). Ce chêne croît sur la
Pierre-Alatyr, « père de toutes les pierres », désignant le centre du monde :
qui saurait la trouver verrait tous ses désirs comblés.
Alexandre Pouchkine évoque l'île Bouïane dans son poème Le
Conte du tsar Saltan1 — dont s'est inspiré Nikolaï Rimski-Korsakov pour son
opéra du même nom.
Bouïane est parfois considérée comme une sorte d'« Autre
Monde » proto-indo-européen (voir Îles des Bienheureux, ou Îles Fortunées). On
l'identifie aussi parfois avec l'île aujourd'hui allemande de Rügen, dans la
mer Baltique, ou encore de
Bornholm(Danemark).
Il existe une île réelle nommée Bouïane (80° 09′ 10″ N 92°
07′ 20″ E) dans l'archipel russe de la Terre du Nord, mais cette appellation
est récente.
Brasil
L'île de Brasil ou Hy-Brasil est une île fantôme représentée
sur de nombreuses cartes marines depuis le XIVe siècle jusqu'au XVIIe siècle.
Alexandre de Humboldt rappelle dans son livre Examen
critique de l'Histoire et Géographie du nouveau continent aux XVe et XVIe
siècles, que de nombreuses cartes marines, portulans et mappemondes
représentent depuis le XIVe siècle, une île plus ou moins étendue et située le
plus souvent dans l'Océan Atlantique Nord, sous des appellations différentes
mais relativement proches : Brasile, Bracie, Bresily, Bersil, Brazilæ,
Bresilji, Braxilis, Branzilæ, O'Brasil, O'Brassil.
Dans la mythologie irlandaise, une île dénommée Hi-Brasil
Hy-Breasal, Hy-Brazil, Hy-Breasil ou Brazir est évoquée et localisée au large
de l'Irlande ou dans les parages de l'archipel des Açores. Cette île aurait été
habitée par des moines irlandais.
Il se pourrait encore que Brésil rappelât le souvenir de la
terre mystérieuse chantée par les bardes irlandais et gallois. Ce mot peut en
effet se décomposer en deux racines gaëliques, breas grand et î île. Le Brésil
serait alors la grande île, et correspondrait à Traig Mar le grand rivage ou
Tiir Mar la grande terre, dont parle la légende de Condla le Beau. Aussi bien
rappelons, à titre de curiosité, qu'en Angleterre on crut longtemps à
l'existence de cette île mystérieuse.
« Le 15
juillet 1480, des navires appartenant à John Jay le Jeune, jaugeant 80
tonneaux, sortirent de Bristol pour naviguer à l'ouest de l'Irlande jusqu'à
l'île de Brassyle. Le 18 septembre (1481?) on apprit que Thomas Lloyd, le marin
le plus expert de l'Angleterre, qui commandait l'expédition, après une
navigation de près de neuf mois, battu par la tempête, avait été forcé d'entrer
dans un port d'Irlande pour laisser reposer ses navires et ses matelots, sans
avoir découvert ladite île ».
Au XVIIe siècle l'île de Brasil ou O'Brazil n'était pas
encore oubliée. Dans un ouvrage publié en 1684 :
« Des îles
d'Aran et du continent de l'ouest paraît souvent visible l'île enchanteresse
que l'on nomme O'Brasil et en irlandais Beg'aran ou la
petite Aran,
aujourd'hui bannie des cartes de navigation. Est-ce une île réelle rendue
inaccessible par ordre spécial de Dieu comme une sorte de paradis terrestre, ou
bien le résultat d'une illusion produite par de légers nuages apparaissant à la
surface de la mer; ou encore faut-il y reconnaître le séjour de quelques
mauvais esprits? Ce sont là des questions qu'il ne nous appartient pas de juger
» (O'Flaherty, A chorographical description of West or H. Iar Connaught, 1684).
Selon le scientifique américain Edward Bancroft (XVIIIe
siècle), dès le XIIe siècle, les termes « Brasile » et « Braxilis », indiquant un
bois rouge, viendrait du mot italien bragio : braise.
Dès le XIVe siècle de nombreuses cartes
marines indiquent cette île :
ͽ la carte marine d'Angelino Dulcert de
Gênes datant de 1325-1339 serait la première carte indiquant l'île de Brasil
ainsi que les îles de Saint-Brendan et d'Antilia ;
ͽ la carte de Pizzigano datant de 1367
indique les îles de Brasil, d'Antilia et de Saint Brandan ; la première au sud
sous le parallèle de Gibraltar, la seconde au sud-ouest de l'Irlande,
accompagnée de deux navires et d'un homme dont on ne voit plus que la tête, car
il est dévoré par des serpents ; la troisième au nord de la précédente avec une
bête fantastique qui enlève un homme dans sa gueule : elle porte l'inscription
: lade Mayotus sen de Bracir ;
ͽ la carte de Abraham Cresques réalisée
en 1375 indique également une île de Brasil située au sud-ouest de l'Irlande ;
ͽ le portulan médicéen de 1381 ;
ͽ le portulan de Mecia de Viladestes
(1413) où elle est dénommée Brazil ;
ͽ les cartes d'Andrea Bianco (1430)
ͽ la carte du Vinland (1434) indique «
l'île de Branzilæ », situé juste au sud d'une autre île nommée Antilia ;
ͽ la carte d'Andrea Bianco (1436)
indique une île du nom « d’Isola de Bersil » ;
ͽ le Fra Mauro (1437où elle figure
toujours à l'ouest de l'Irlande.
ͽ les Ptolémées de 1513 et de 1519, même
nom et même latitude que précédemment ;
ͽ le très curieux atlas manuscrit de la
bibliothèque de la Faculté de Montpellier, composé peu après le voyage de
Magellan, dans le portulan de Malartic qui date de 1535 ;
ͽ le Ramusio de 1556 ;
ͽ la carte de Diego Gutiérrez (1562)
indique l'île Brasil au cœur de l'océan Atlantique ;
ͽ la carte d’Abraham Ortelius (1572)
indique une île Brasil à l'ouest de l'Irlande ;
ͽ l'Isolario de Porcacchi (1572) ;
ͽ Les atlas de Lafreri (1566),
d'Ortelius et de Mercator (1587) marquaient encore ce nom.
En 1870, M. W a suggéré devant la société géologique de
France que le banc de Porcupine pourrait peut-être être un vestige de l'île
mythique Hy-Brasil.
Le bois de Brasil
Dans la seconde moitié de la période médiévale, un bois
rougeâtre exotique apparaît dans la construction des palais princiers.
En plein XIVe siècle, le roi de France Charles V agrandit
les limites de Paris. Il fait édifier le château de Vincennes au-dehors des
limites de la ville afin de pouvoir échapper aux éventuelles révoltes des
bourgeois de Paris, comme ce fut le cas, avant son règne, avec leur
représentant, le prévôt des marchands Étienne Marcel. Il fait construire de
nouvelles enceintes au palais du Louvre. De nouvelles salles princières et
royales sont édifiées, notamment la fameuse bibliothèque de Charles V, la plus
importante de toute l'Europe (grand érudit et amateur de livres) dont
l'intérieur est réalisé avec un bois rare et exotique de couleur rouge, qui
proviendrait du Brésil selon les travaux de recherches de l'université Montpellier-III.
Dès la seconde moitié du XVe siècle, des navigateurs français et européens se
seraient rendus au Brésil pour rapporter le fameux bois couleur de braise. Les
sceptiques émettent l'hypothèse que ce bois rouge ne proviendrait pas du Brésil
mais du Levant et pourrait être le fameux cèdre du Liban. Alexandre de Humboldt
émet l'hypothèse que ce bois rouge pourrait provenir des Indes de la côte de
Malabar ou de plus loin encore, de Malaisie, dont le commerce était fleurissant
au Moyen Âge, notamment grâce aux commerçants arabes. Humboldt précise, dans
son livre Examen critique de l'Histoire et Géographie du nouveau continent aux
XVe et XVIe siècles, qu'un bois rouge propre à la teinture était connu en
Italie et en Espagne trois siècles avant le voyage de Vasco de Gama vers Goa et
Calicut.
Brittia
Les Bretons de la presqu'île française plaçaient le séjour
des morts à l'Ouest, par delà l'océan Atlantique. Plusieurs légendes se
rapportent à cet embarquement des morts vers la Brittia mythique. Elles se sont
localisées à la pointe du Raz, en face de l'île de Sein, près de l'Enfer de
Plogoff. Près de l'embouchure de la Meuse, on cite une autre bouche de l'enfer,
Helvoets fuiss, que Pline désigne sous le nom d'Helium.
Ces croyances paraissent avoir été communes aux populations
de l'Armorique et jusqu'à la Hollande actuelle. Tzetzès raconte que sur cette
côte, en face de la Grande-Bretagne, vit un peuple de pêcheurs qui se charge de
transborder les morts. La nuit on les appelle et on frappe à leur porte ; ils se
lèvent et trouvent des barques étrangères sur lesquelles sont les âmes
invisibles des morts ; ils les conduisent avec une célérité miraculeuse à l'île
de Brittia ; ils y débarquent leurs passagers et, sans voir personne, entendent
des voix qui appellent chacun par son nom ; ils repartent alors sur les barques
qui sont très allégées.
Procope place l'île mythique de Brittia à 200 stades des
bouches du Rhin entre la Grande-Bretagne et Thulé. Claudien connaissait aussi
ces récits qu'il embrouille avec ceux de l'Odyssée. Philémon disait que les
Cimbres appelaient l'océan Septentrional mer des Morts (mare mortuum). On
trouve dans le roman de Lancelot du Lac aux côtés de cette autre île mythique
d'Avalon. On rencontre dans Plutarque des détails sur un continent transatlantique,
séjour des bienheureux. Les poèmes celtiques du Moyen âge sont remplis de
récits du même genre.
Buss
L'île Buss est une île fantôme. Elle a été
"découverte" durant la troisième expédition de Martin Frobisher en
septembre 1578 par des marins qui étaient à bord du navire Emmanuel et a été
représentée sur des cartes entre l'Irlande et le mythique Frisland à environ
57° nord. L'île a été nommée d'après le nom du type de vaisseau qu'utilisaient
ceux qui l'ont découverte, un "busse". On pense que Frobisher a pris
le Groenland pour le Frisland et l'île de Baffin pour le Groenland. Retournant
au port l'Emmanuel aurait fait des erreurs de calcul.
Cassitérides
Les îles Cassitérides, c'est-à-dire les « Îles de l'étain »,
étaient, dans la géographie antique, le nom d'îles considérées comme étant
situées quelque part près des côtes occidentales de l'Europe.
Déjà Hérodote (-430) avait vaguement entendu parler d'elles.
Plus tard, certains auteurs comme Posidonios, Diodore de Sicile, Strabon et
d'autres, les désignent comme des petites îles situées au large de la côte du
nord-ouest de l'Espagne, qui contenaient des mines d'étain où, comme l'indique
Strabon, l'étain et le plomb étaient extraits, bien qu'un passage dans Diodore
fasse plutôt dériver le nom de leur proximité des zones stannifères du
nord-ouest de l'Espagne. Ptolémée et Denys le Périégète les mentionnent
également : le premier comme étant dix petites îles situées au nord-ouest de la
côte espagnole, disposées symboliquement comme un anneau, le second les met en
relation avec les Hespérides.
Alors que la connaissance géographique de l'occident était
encore lacunaire et que les secrets du commerce de l'étain étaient bien gardés,
en particulier par les marins de Cadix qui en faisaient le commerce, les grecs
anciens savaient seulement que l'étain leur parvenait par la mer de l'ouest
lointain, et l'idée d'une île qui produisait de l'étain a naturellement surgi.
Plus tard, quand l'ouest a mieux été exploré, on a constaté que l'étain
provenait réellement de deux régions, au nord-ouest l'Espagne et dans les
Cornouailles.
Ni l'une ni l'autre ne pourrait s'appeler des petites îles
ou être décrites comme telles. Ainsi, les Cassitérides n'ont jamais été
identifiées ni par les géographes grecs ni par les géographes romains. Les
auteurs modernes ont perpétué l'erreur selon laquelle les Cassitérides étaient
des lieux distincts et ont fait de nombreuses tentatives pour les identifier.
Les petites îles au large de la côte du nord ouest de l'Espagne, les
promontoires de cette même côte, les Îles Scilly, la Cornouaille, les Îles
Britanniques tous ces lieux ont été alternativement suggérés. Mais aucun ne
convient. Ni les îles espagnoles ni les îles Scilly ne contiennent d'étain, du
moins en quantité sérieuse. Ni la Grande-Bretagne ni l'Espagne ne peuvent être
qualifiées comme des petites îles au nord-ouest de l'Espagne. Il semble plus
probable que les Cassitérides représentent simplement la première connaissance
vague des Grecs que l'étain provenait d'outre-mer quelque part au-delà de
l'Europe de l'Ouest.
Des Démons
L’île des Démons est une île légendaire que l’on situait
généralement près de Terre-Neuve.
Elle était généralement représentée sous la forme de deux
îles. Elle a commencé à apparaître sur des cartes au début des années 1500
jusqu'au milieu du XVIe siècle.
L'île était supposée être peuplée par des bêtes sauvages et
des démons qui attaquaient les navires alentours.
Des Sept
Cités
Une légende chrétienne, celle de l'île de Sept Cités, eut un
grand retentissement au Moyen âge, et contribua à tourner l'attention publique
vers les mers occidentales, où déjà quelques savants s'accordaient à trouver
l'emplacement du Paradis Terrestre. On racontait qu'à l'époque de la conquête
de l'Espagne par les Arabes, après la défaite de Xérès de la Frontera et la
disparition du roi Roderik en 743, sept évêques, sous la direction de l'un
d'entre eux, l'archevêque de Porto, s'embarquèrent, suivis de leurs ouailles,
et poussèrent droit devant eux sur l'Océan. Après une longue navigation, ils
abordèrent une île inconnue et s'y fixèrent après avoir brûlé leurs vaisseaux.
Comme ils étaient sept et que chacun d'eux se construisit une demeure particulière,
l'île prit le nom d'île des sept Cités. Elle a depuis figuré sur un certain
nombre de cartes. Martin Behaim sur sa fameuse carte de Nuremberg (1492) la
dessinait déjà. Même après la découverte de l'Amérique, Fernand Colomb croyait
à l'existence de cette île.
Dans la péninsule espagnole persistait la tradition selon
laquelle un grand nombre de Wisigoths s'étaient soustraits à la domination
arabe et avaient trouvé un refuge dans l'île des Sept Cités. Aussi comprend-on
que cette légende se soit fidèlement conservée dans les souvenirs populaires,
et même qu'avec le temps elle ait été embellie et augmentée. Bientôt, en effet,
on ne se contenta plus de mentionner l'île mystérieuse, on prétendit l'avoir
retrouvée.
En 1447, un Portugais, poussé par la tempête dans l'Atlantique,
aurait débarqué dans une île inconnue où il trouva sept villes, dont les
habitants parlaient le portugais. Ces derniers auraient voulu le retenir, car
ils se refusaient à toute communication avec leur ancienne patrie, mais il parvint
à s'échapper et revint en Portugal, où il raconta à don Henri de Viseu ses
étonnantes aventures. Ce prince réprimanda vivement le capitaine pour s'être
enfui sans avoir complété ses renseignements, et le marin effrayé ne reparut
plus. Néanmoins cette histoire fit du bruit : les érudits de l'époque
identifièrent la prétendue découverte avec l'île phénicienne mentionnée par
Aristote et par Diodore de Sicile. Dès lors elle prit place sur les cartes,
sous le nom que nous lui connaissons, île des Sept Cités. On n'avait même pas
perdu l'espoir de la retrouver. Le 10 novembre 1475, don Fernando Telles (Fernão
Teles), un capitaine portugais, se faisait donner l'investiture par le roi du
Portugal Alphonse des îles qu'il pourrait découvrir dans l'Océan, et il était expressément
stipulé que cette donation pourrait s'étendre au Sette Cidades, dont on avait
perdu la trace. Le 3 mars 1486 un autre Portugais de Terceira,
Fernando Ulmo (Ferdinand van Olm, un Flamand connut sous le nom de Fernão
D’Ulmo), se faisait donner une autre île qu'il supposait être celle de Sette
Cidades, et le contrat de cession était enregistré par devant notaire par le
roi Jean II. Même après la découverte de l'Amérique, l'île mystérieuse ne
disparut pas. Elle figurait encore sur le planisphère de Henri II, et jusque
sur la carte de Mercator en 1569.
Eternelles
Si les Anciens ont effectivement découvert des îles dans
l'Atlantique dans lesquelles ils ont le plus souvent cru reconnaître des lieux
attachés à leurs mythes, la connaissance de ces îles se perdit au Moyen âge, à
tel point que leur exploration devint une entreprise de découvertes nouvelles,
après un intervalle de plusieurs siècles, Et l'Océan eut de nouveau ses
légendes d'îles merveilleuses, tant pour l'Europe chrétienne que pour le monde
musulman dilaté jusqu'aux extrémités occidentales de l'Afrique et de
l'Andalousie.
A l'ouest, les Arabes avaient des notions aussi étendues,
quoique moins exactes, que celles des Romains et des Grecs. Les géographes
arabes mentionnent diverses îles à l'identification incertaine, parmi
lesquelles les îles Eternelles, dans l'Océan Atlantique, et qui pourraient être
une ressouvenance des îles Fortunées de l'Antiquité. Les récits concernant ces
lieux énigmatiques se répandirent-ils dans la chrétienté ? On pourrait le
croire à certains traits de ressemblance qu'on voit percer dans les légendes en
circulation dès le XIe siècle, chez les diverses nations de l'Europe, sur les
navigations de quelques saints personnages à travers l'Océan occidental, et
dont quelques-unes vont durablement féconder l'imaginaire géographique.
Frisland
Le Frisland (aussi
appelé Frischlant, Friesland, Freezeland, Frislandia ou Fixland) est une île
fantôme qui figure sur presque toutes les cartes de l'Atlantique nord entre les
années 1560 et 1660. Cette île ne doit pas être confondue avec la Frise
(Friesland en néerlandais), province au nord des Pays-Bas.
À l'origine, le
Frisland désignait probablement l'Islande. En 1558, date de la plus ancienne
édition connue de la carte de Nicolò et Antonio Zeno (la personne ayant dessiné
cette carte les décrivant comme ayant voyagé en1390), cette dernière le
représente comme une île distincte et cette erreur fut reproduite presque
systématiquement sur toutes les cartes suivantes, jusque vers 1660. De
nombreuses parts du récit et des lettres échangées pour monter l'histoire du
voyage semblent être une vaste escroquerie des descendants des Zeno.
L'erreur se propage
toujours, plus épisodiquement, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, lorsque les
techniques de topographie deviennent plus précises et permettent une
représentation à l'échelle et non plus subjective.
Hvitramannaland
Le Hvitramannaland (en français : terre de l'homme blanc),
également désigné sous le nom de Grande-Irlande (en vieux norrois : Írland hið
mikla ou Írland it mikla ), est un territoire non localisé situé à l'Ouest du
Groenland et pourrait être une île fantôme. Le Hvitramannaland serait apparenté
à la terre d'Hibernia Major ou d'Albania parfois citée pour désigner un endroit
situé à l'occident de l'océan Atlantique où aurait existé des personnes dont
les "cheveux était blond et la peau blanche comme la neige". Ce pays
est toutefois différent de celui du Vinland des marins Vikings.
Les voyages du navigateur irlandais saint Brendan au VIe
siècle sont célèbres à l’époque des Vikings et l’île de Saint-Brendan à l’ouest
de l’océan Atlantique demeure un mythe important au Moyen Âge dans toute
l’Europe.
Saga Eyrbyggja
La
saga Eyrbyggja est une saga
islandaise d'auteur inconnu préservée dans deux manuscrits des XIIIe et XIVe
siècles et comporte plusieurs références à la colonisation du Groenland et du
Vinland. Elle mentionne le voyage en Guðleifr Guðlaugsson et de son équipage
qui ont embarqué à Dublin en 1029 pour l'Islande mais furent drossés par la mer
vers le Hvitramannaland (ou Grande-Irlande). Ils débarquèrent sur cette terre
qu'ils trouvèrent grande, puis des habitants apparurent et vinrent vers eux
menaçant en parlant une langue qui semblait être de l'irlandais. Un homme parmi
eux calma la foule et s'adressa aux Vikings en islandais. Cet homme leur
demanda des nouvelles de Borgarfjord et Breidafjord en Islande. Il ne révéla
point son identité mais les marins vikings firent le rapprochement avec Bjorn
Breidavik exilé d'Islande trente ans plus tôt.
Saga du Landnámabók
Selon la saga du Landnámabók, Ari Marsson a fait voile
durant six jours vers l'ouest depuis l'Irlande. Ce voyage est supposé avoir eu
lieu vers l'an 983. Il découvre une terre qu'il nomme Grande-Irlande et serait
située à l'ouest de l'océan Atlantique, non loin du Vinland.
Saga d'Erik le Rouge
La Saga d'Erik le Rouge mentionne également la terre des
hommes blancs que les habitants vikings du Markland signalent à Thorfinn
Karlsefni. Selon le texte, les Vikings aperçurent cinq Skraelings, un homme
barbu, deux femmes et deux enfants. Ils réussirent à capturer les enfants qui
leur apprirent qu'en face de leur terre, vivaient des gens habillés de
vêtements blancs, poussant de grands cris, gesticulant avec de longues perches,
et portant des franges. Ce devait être le Hvitramannaland.
Julia
Le 13 juillet 1831, un navire anglais qui venait de l'île de
Malte et faisait route entre la Sicile et la côte tunisienne eut connaissance
d'épaisses fumées qui semblaient sortir de la mer, au-delà de l'horizon.
Comme aucune terre n'existe dans la direction supposée, le
commandant, intrigué, décida d'aller voir ce qui se passait par là. Peu de
temps après, à sa grande stupéfaction, ainsi qu'à celle de tout l'équipage, il
reconnut la présence d'une île.
Il en fit le tour, la
mesura. Elle avait
quatre mille huit cents mètres environ de circonférence et sa hauteur moyenne
était de trente-trois mètres. A peine de retour en Angleterre, il fit son
rapport à l'Amirauté qui, sans tarder, envoya une escadre prendre possession de
la terre nouvelle, au nom de Sa Très Gracieuse Majesté.
La cérémonie eut lieu au mois d'août. Mais comme l'île
s'était révélée en juillet, on la
baptisa Julia. Et, de ce jour, la
Grande-Bretagne compta une colonie de plus.
Cela ne fut pas du goût du prince Ferdinand II, alors roi
des Deux-Siciles, qui jugeait que l'île était dans les eaux territoriales de
son royaume et en faisait partie de droit. Il protesta violemment.
L'Empire britannique ne se laissait pas émouvoir pour si
peu, n'ayant pas l'habitude de lâcher ce qu'il tenait, sous la menace de
quelques criailleries. Il continua de s'installer sur ce qu'il jugeait un point
stratégique utile, une sorte de bastion avancé de la puissante forteresse de
Malte, pouvant faire échec, à l'occasion, aux forces étrangères établies sur
l'île voisine de Pantellaria.
Le roi Ferdinand se fâcha tout à fait et demanda l'appui de
l'Autriche. Il y eut de longues et difficiles conversations diplomatiques, à
trois, que l'Europe tout entière écoutait avec une nervosité attentive. Rien ne
s'arrangea et l'on peut dire qu'à la fin de l'automne les choses allaient mal.
On ne sait jusqu'où elles auraient été si, le 28 décembre de
cette même année 1831, l'île Julia, intimidée sans doute par tout ce bruit qui
se faisait autour de sa modeste personne, n'avait pris le parti de s'en
retourner d'où elle venait et n'avait disparu au sein des flots, avec la même
discrétion et le même mystère qu'elle y était apparue cinq mois plus tôt.
Ce n'était pourtant pas sa dernière apparition. Alors que
nul ne pensait plus à elle et que toutes les discussions engagées à son sujet
étaient oubliées, et pour cause, on la vît tout à coup revenir en l'année 1863,
plus vaillante que jamais, puisque maintenant elle avait quatre-vingts mètres
de hauteur. Malgré cet appréciable accroissement de taille, personne ne se
mêla, cette fois, de s'en prétendre propriétaire. On se méfiait de ses
caprices. Et la prudence était justifiée, car elle ne tarda pas à refaire de
nouveau un plongeon, laissant à sa place un vide dont seules les sondes des
grands navires bien outillés pouvaient mesurer la profondeur.
Ce qui n'empêcha pas l'île Julia de revenir sur l'eau -
l'expression est ici à sa place - une troisième fois, en 1891. Il n'y eut guère
alors que les géologues et les océanographes pour s'occuper d'elle et lui
demander le secret de ses fantaisies. Il était aisément devinable.
L'emplacement du l'île intermittente est à l'aplomb d'un volcan sous-marin qui,
par moments, a de brusques réveils, comme en ont sur terre les cratères peu
éloignés de l'Etna, du Stromboli ou du Vésuve. Il vomit, alors une masse de
laves et de scories, que leur état de fusion agglomère les unes aux autres et
qui forment une masse compacte plus légère que l'eau parce qu'elle a la
constitution d'une sorte d'éponge remplie de cavités. Cette structure creuse
nuit à la
solidité. Quand vient
un coup de mauvais temps, ces cendres accolées se désagrègent. Leurs creux se
remplissent d'eau, s'alourdissent, elles sont entraînées par les lames ou
coulent à pic. Mais on a constaté des apparitions et des disparitions
semblables dans divers archipels, tous de nature volcanique, notamment près des
îles Tonga, en Polynésie, ou dans les parages des îles Aléoutiennes, au large
de l'Alaska, ainsi qu'en plusieurs autres lieux. Dans la majorité des cas, ces
émersions sont éphémères et se renouvellent rarement. Il faut faire exception,
cependant, pour l'île Sabrina, à côté des Açores, successivement surgie, puir
évanouie en 1658, 1691, 1720, 1811, et qui, depuis cette dernière
manifestation, tient toujours bon à son poste ! Mais jusqu'à quand ?
L. MARCELLIN – 1951
Mam
L'île de Mam est une
île fantôme, que l’on dit trouver à quelque distance des côtes anglaises de la
Manche, approximativement vers le Grand Banc.
Bien que le Grand
Banc soit sous l’eau, on pense qu'il ait pu une fois être visible sans doute à
marée basse, et reste donc sur les plans depuis ce temps.
L'île a parfois été assimilée à l’île de
Brazil à l’ouest des côtes d'Irlande
Mayda
Mayda est le nom
d'une île fantôme dont l’existence véritable a été relevée sur plusieurs plans à
travers l’histoiremaritime. Elle est le plus souvent été représentée sous la
forme d’une faucille et sa position a souvent varié au cours des siècles. Les
premiers plans ont positionné l'île au sud ouest de l'Irlande. Plus tard elle
s'est déplacée vers l'Amérique (le NewFoundland, les Bermudes, les Indes
occidentales). Sa dernière apparition (1906) fut sur la carte maritime de Rand
McNally. Certains pensent que son existence servait uniquement à combler les
espacements vides des cartes.
Sables de Goodwin ou Lomea
Les Sables de
Goodwin sont un banc de sable de 10 mile de long situé dans la Manche, six mile
à l'est de Deal dans le Kent. On pense que plus de 2,000 bateaux se sont
fracassés sur eux et pour cela ils sont signalés par de nombreux phares et
bouées. Les naufrages notables incluent le bateau de VOC de Rooswijk et le
Château de Stirling.
Un match annuel de
cricket jusqu'à récemment était disputé sur les sables à marée basse.
Plusieurs batailles
navales ont eu lieu près de ces bancs, y compris la Bataille des Sables de
Goodwin en 1652 et la Bataille de la Difficulté de Douvres dans 1917.
La légende maintient
que les sables étaient auparavant une île fertile nommée Lomea. Elle
appartenait à Goodwin, Comte du Wessex qui les nomma Sable de Goodwin. Quand il
est tomba en défaveur, la terre fut donnée à l'Abbaye St. Augustine de
Canterbury. L'abbé ne parvint pas à maintenir les digues ; ce qui mena à
la destruction de l'île.
En 1974, la
construction d’un troisième aéroport à Londres sur Lomea fut proposée mais l'idée
fut abandonnée.
Saint Brandan
Les cartographes du Moyen-âge ne se contentaient pas de
placer à l'ouest le Paradis Terrestre ; ils semaient encore dans l'Océan un
certain nombre d'îles imaginaires, qu'ils plaçaient sous le patronage de
quelque saint renommé, et associaient ainsi leur désir d'étendre les
connaissances géographiques et de les concilier avec les données religieuses.
Parmi les îles fantastiques, une des plus célèbres est l'île
de Saint Brandan. Ce n'est pas en effet seulement dans la légende que s'est
conservé le souvenir du saint Irlandais ; la trace est persistante dans la
géographie du Moyen-âge, et même dans la géographie moderne.
Vincent de Beauvais est à peu près le seul écrivain sérieux
qui, au XIIIe siècle, ait protesté contre la réalité des découvertes de
Brandan : « Cette légende est remplie de détails apocryphes, écrivait-il, je la
crois fausse de tout point».
Ses contemporains au contraire l'ont acceptée, sans même en
discuter l'authenticité. Tous les traités géographiques de l'époque, toutes les
cartes mentionnent l'île découverte par le saint voyageur. Dans un manuscrit du
XIe siècle, conservé à la bibliothèque de Turin, sont déjà marquées sur l'Océan
des îles encore anonymes, mais qui seront bientôt désignées par le nom du
saint, qui passait pour les avoir découvertes.
Honorius Augustodunensis en parle dans son Imago Mundi composée en 1130. La mappemonde de
Jacques de Vitry et l'Imago Mundi de Robert d'Auxerre (1265) mentionnent l'île
du saint irlandais. Dans le portulan du XIVe siècle que l'on conserve à la
bibliothèque de Saint Marc à Venise, non loin de la côte occidentale de
l'Irlande, une île relevée d'enluminures et d'or est désignée par cette légende
: « La montagna de Sto
Brandan ».
Dans la carte vénitienne des frères Pizzigani en 1367, dans
celle d'un anconitain dont le nom est effacé, conservée dans la bibliothèque de
Weimar et portant la date de 1424, dans celle du génois Beccaria en 1435, le
groupe de Madère est intitulé Iles Fortunées de saint Brandan. Elle est
aussi marquée sur la carte de Behaim comme une grande île occidentale placée
près de l'équateur.
Quand ces parages de l'Océan furent mieux connus, on
transporta l'île de Saint-Brandan, avec des dimensions beaucoup moindres, dans
l'ouest de l'Irlande, ainsi qu'on le voit au XVIe siècle sur les cartes
d'Ortelius ; puis elle disparut tout à fait de l'Océan occidental pour s'aller
réfugier dans l'Océan Indien, où nous la reverrons en compagnie de Cerné ou
Kerné (l'île énigmatique du Périple d'Hannon).
La curiosité fut si vivement excitée par cette île
imaginaire et l'on crut si fermement à sa réalité qu’elle fut recherchée
pendant plusieurs siècles, crut même être retrouvée. Une singulière et
persistante illusion géographique a d'ailleurs contribué faire croire à
l'existence de cette île errante. De temps à autre les habitants de Madère
croyaient voir à l'horizon se profiler les contours de cette île : aussitôt ils
s'embarquaient, mais au moment où ils distinguaient les sinuosités de la côte
et les moindres détails de la campagne, soudain elle disparaissait en s'abîmant
dans les flots et les vapeurs de la mer.
Même après Christophe Colomb, on la cherchait encore. Les
Portugais, à leur arrivée en Amérique, croyaient l'avoir retrouvée (Les Grandes
Découvertes). En 1517, lorsque Emmanuel de Portugal abandonna ses prétentions
sur les Canaries, il y comprit expressément l'île cachée. En 1526 une
expédition partit des Canaries à sa recherche, sous le commandement de Fernando
de Troja et de Fernando Alvarez, mais elle ne fut pas plus heureuse que les
précédentes.
En 1570 un certain Pedro Velha affirma qu'il avait débarqué
dans cette île, et même qu'il y avait remarqué des traces de pas humains
doubles de l'ordinaire. Aux environs paissaient de nombreux troupeaux. Au
moment où les matelots s'apprêtaient à les poursuivre, une tempête s'éleva qui
les força de regagner leur navire. En un instant ils perdirent la terre de vue,
et, lorsque la tempête fut passée, ils ne purent jamais retrouver l'île
mystérieuse.
La véracité de ce récit fut confirmée par une enquête
solennelle dirigée par Pedro Ortez de Funez, inquisiteur de la
Grande Canarie, et, sur la foi de ces
renseignements pourtant bien vagues, Fernando de Villalobos, régidor de Palma,
voulut encore tenter l'aventure, mais il ne réussit pas davantage.
Comme les apparitions se multipliaient et étaient constatées
par un grand nombre de témoins, une véritable fièvre de curiosité s'empara des
Canariens.
En 1604 départ de Lorenzo Pinedo et G. Perez de Acosta. En
1721 doit Juan de Mur, gouverneur de l'archipel, confie à Gaspard Dominguez un
navire qui part de Santa-Cruz et y rentre après plusieurs mois de courses
inutiles sur l'Océan. L'île était toujours en vue, mais nul ne pouvait se
vanter d'y avoir débarqué.
Le 3 mai 1759 près de quarante personnes l'apercevaient
encore distinctement. Elle paraissait consister en deux grandes montagnes
séparées par une vallée, et, avec un télescope, la vallée semblait remplie
d'arbres.
Peut-être ne faut-il y voir qu'un phénomène physique,
quelque mirage. Cette explication est d'autant plus plausible que les dessins
de cette île fantastique la représentent comme allongée du nord au sud avec
deux cimes illégales séparées par une dépression : ce qui rappellerait tout à
fait l'île de Palma quand on l'aperçoit du large en venant de Ténériffe ou de la
Gomera. Il se
pourrait que des Canaries, grâce à la réfraction, on découvrit Palma ou toute
autre île de l'archipel.
Neome
Neome était le nom d'une île fantôme au nord de l'océan
Atlantique. Elle a été localisée vers 1559 par les frères Zeno, navigateurs
vénitiens, à mi-chemin entre l'Écosse et l'Islande. Neome est une des îles
fantômes bien connues comme Frisland, Estotiland et Icaria.
Rupes
Nigra
Rupes Nigra (ou Nigra de Rupes) est une île fantôme de 53
kilomètres faite de roche noire et située au pôle Nord magnétique. Elle prétend
expliquer pourquoi toutes les boussoles pointaient à cet endroit. L'idée est
venue de la perte d'une œuvre intitulée Inventio Fortunata, et l'île apparaît sur les cartes du XVIe
et XVIIe siècles, y compris celles de Gerardus Mercator et ses successeurs.
Saxembourg
ou Sachsenburg
Un pilote hollandais, Lindert Lindeman, d'Enckhuysen, la signala
en 1670, comme l'ayant rencontrée sur le parallèle de 30° 47 sud, par une
longitude de 20° à l'ouest du méridien de Paris, et lui donna le nom de
Sachsenburg. Dès ce moment, elle fut indiquée sur les cartes nautiques, et y
demeura longtemps sans qu'il s'élevât aucun doute sur son existence ni sa
position.
Cependant, à la fin du XVIIIe siècle, Horsburgh passa deux
fois sur son emplacement sans en avoir connaissance ; et en 1801, le Français
Baudin, puis l'Anglais Flinders firent vainement la recherche de cette île.
Mais voilà qu'en 1804 l'Américain Galloway, capitaine du navire Fanny, croit
l'apercevoir au loin, du haut de ses mâts, l'ayant en vue pendant quatre heures
consécutives, distinguant bien un pic au milieu, et un mamelon arrondi à l'un
des bouts ; seulement la longitude était de 2° plus occidentale.
Mieux encore, en 1809, un autre Américain, le capitaine
Long, du navire Columbus, retrouva Saxembourg par 30° 20' de latitude australe,
mais par une longitude bien plus occidentale que ses devanciers, 30° 41' à
l'ouest du méridien de Paris ; et son indication, communiquée directement au
gouverneur anglais du cap de Bonne-Espérance, puis reçue de seconde ou
troisième main par le gouverneur de Sainte-Hélène, était si précise, qu'elle
ébranla les convictions de Horsburgh et de Flinders. Mais enfin, le chevalier
du Plessis-Parseau, commandant en 1823 la flûte la Moselle, le baron de
Bougainville en 1824 sur la Thétis, et Dumont d'Urville en 1826 sur
l'Astrolabe, firent de nouvelles recherches, si étendues et si exactes, de la
prétendue île de Saxembourg, dans toutes les positions où elle avait été
signalée, que force fut de reconnaître qu'elle n'avait aucune existence réelle,
et qu'elle devait être rayée définitivement des cartes où elle figurait.
(D'Avezac / Gaffarel / Gravier / C. Malte-Brun).
Terre de
Sannikov
La Terre de Sannikov est une île fantôme de l’océan
Arctique. Cette terre imaginaire fut l'un des mythes de la colonisation dans la
Russie du XIXe siècle.
Le schooner Zaria, navire norvégien, avait été racheté en
1899 par l'Académie des sciences de Russie et équipé pour les expéditions
polaires. Remorqué en 1910, il resta désormais ancré dans l'estuaire de la
Léna.
Deux marchands, Yakov Sannikov et Matthias von Hedenström,
prétendirent en 1811 avoir vu cette terre au cours de l'expédition
cartographique qu'ils avaient effectuée dans les Îles de Nouvelle-Sibérie en
1809-1810. Yakov Sannikov fut ainsi le premier à mentionner l'existence d'une
nouvelle terre au nord de l’île Kotelny, et c'est pourquoi on parla dès lors de la
« Terre de
Sannikov ».
En 1886, un explorateur balte au service de la couronne,
Edouard Toll, signala qu'il avait entrevu une terre au milieu des flots lors
d'une expédition dans les Îles de Nouvelle-Sibérie. En août 1901, au cours d'une
nouvelle expédition de Toll, dite Expédition polaire russe, le schooner Zarya
s'enfonça dans la Mer de Laptev en quête de la
légendaire Terre de
Sannikov (Zemlya Sannikova) mais vit bientôt sa route barrée par la banquise
autour des Îles de Nouvelle-Sibérie. Au cours de 1902, on poursuivit les
recherches au delà des îles De Long, lorsque la Zarya fut piégée par le
givrage. Le baron Édouard Toll et ses trois compagnons, abandonnant le navire
en novembre 1902, disparurent sans laisser de trace alors qu'ils tentaient de
s'éloigner de l’île Bennett en se réfugiant sur des icebergs isolés dérivant
vers le sud.
Après d'intenses recherches, on parvint dans la première
moitié du XXe siècle à la conclusion que la Terre de Sannikov n'existait pas.
Certains historiens et géographes, se fondant sur
d'authentiques découvertes de Sannikov et sur la présence de lagunes et de
hauts-fonds dans l'océan glacial à l'endroit indiqué, estiment que la Terre de
Sannikov a effectivement existé, mais qu'elle a disparu du fait de l’érosion
côtière et, comme d'autres îles de la mer de Laptev, s'est réduite à une dune
sous-marine, formée soit de glace fossilisée, soit de pergélisol. Le processus
de disparition des îles arctiques a été observé dans l’archipel des îles de
Nouvelle-Sibérie. D’autres chercheurs supposent que la Terre de Sannikov a pu
n'être qu'un mirage de l’île Bennett, comme il s'en voit beaucoup dans la
région arctique. Enfin, d'autres chercheurs ne voient dans la Terre de Sannikov
qu'une forme de pseudo-histoire.
Source : http://www.cosmovisions.com/$Iles-Fantastiques.htm et Wikipedia