Les procès du Valais
Les procès du Valais eurent lieu
entre 1428 et 1447. On peut les considérer comme la première série de procès de
sorcières en Europe, cinquante ans avant que le phénomène ne se répande. Les
victimes furent aussi accusées d'être des loups-garous.
Les persécutions commencèrent
dans la partie francophone du Valais et se diffusèrent dans la partie allemande
et aux vallées voisines (les Alpes suisses et françaises).
Le nombre des victimes est
inconnu mais il y eut au moins 367 hommes et femmes exécutés.
En 1428, après que le duché de
Savoie eut connu une guerre civile de 1415 à 1419 entre les clans de la
noblesse pour et contre la famille Raron, d’autres clans nobles se rebellèrent
et le duché était dans un état de grande tension.
Le 7 août 1428, les délégués de
sept zones du Valais exigèrent que les autorités introduisent une enquête
contre de présumés sorciers et sorcières encore inconnus. Quiconque était
dénoncé comme sorcier par plus de trois personnes devait être arrêté. S'il avouait,
il était condamné au bûcher comme hérétique et s'il n’avouait pas, il était
torturé jusqu'à ce qu'il le fasse. Aussi, ceux désignés par plus de trois
personnes, étaient jugés sorciers et arrêtés.
Les événements commencèrent dans
le Val d'Anniviers et le Val d'Hérens dans le Valais francophone du sud et
s’étendirent vers le nord de langue allemande (Wallis). En un an et demi, entre
100 et 200 personnes furent brûlés vifs. L'hystérie s'était à ce moment-là
étendue dans les Alpes françaises et suisses, de Sankt Bernhard, Thuringia en
Savoie jusqu’à Briançon dans le Dauphiné. De ces territoires, il s’étendit dans
les vallées de la Drance,
de l’Argentière, de la
Freissinières et de la Valpute, et 110 femmes et 57 hommes furent torturés
ou brûlés vifs, et ce jusqu'à ce que les persécutions s’arrêtent en 1447.
Les procès du Valais sont mal
documentés ; la meilleure source est la chronique contemporaine faite par le
clerc de la cour, Johannes Fründ, (1400-1469), témoin oculaire des événements.
Son document, cependant, fut écrit au milieu des procès (environ 1430, dix-sept
ans avant leur fin).
Voici des citations des
chroniques de Johannes Fründ :
"En l'année mille et quatre
cent vingt-huit ans après la naissance de Christ, l'évêché de Wallis a vu le
soulèvement du mal, le meurtre et l'hérésie parmi des sorcières et des
sorciers, parmi des femmes aussi bien que des hommes, connus par le nom
sortilegi en latin et ils ont été trouvés d'abord dans deux vallées du
Wallis..."
"... et une abondance
d'entre eux ont avoué le grand mal et beaucoup de meurtres et des croyances
d'hérétique et une abondance de mauvaises choses, qu'ils ont exécutés, de
telles choses qui sont en latin connues comme sortilegia et dont plusieurs sont
exposées dans ce document ; cependant, la plupart de cela n'est pas mentionné,
pour que personne ne puisse être corrompu. Il faudrait considérer que ces gens,
mâle ou femelle, qui sont coupables de ces choses et ce mal qu'ils ont exécuté,
l'ont appris du mauvais esprit..."
"Il y avait même ceux qui ont
tué leurs enfants propres et les ont brûles et faits cuire et les ont
accompagnés pour les manger et ont apporté le mal et d'autres choses à
l'église, pour que chacun puisse qu'ils étaient des enfants. Mais ils avaient
laissé leurs enfants à la maison et les ont mangés plus tard, à leur
convenance."
"Il y a aussi eu beaucoup
d'entre eux, coupables d'un tel mal, une si grande hérésie et tant de meurtres,
qu'ils, avec ce mal, hérésie et magie, n'ont rien dit au prêtre, pour qu'il ne
puisse pas les arrêter. Et il y avait beaucoup de gens, qui auraient pu parler
plus quand on les eut appréhendés que d'autres gens sans instruction et qui
firent appel à Dieu et ses saints plus que d'autres. Ce qu'ils ont fait pour
qu'on les considère innocent. Et certains d'entre eux n'ont pas avoué du tout ;
certains se sont laissés torturer même jusqu’à la mort, plutôt que d'avouer ou
dire quoi que ce soit...."
"... et même il y eut
beaucoup de preuves contre eux et plus encore les désignèrent comme coupables,
que chacun pourrait donner la preuve et qu’ils se sentaient ensorcelés au point
de ne pas être capables de désigner d’autres sorcières. Et peu importe comment
ils furent interrogés sévèrement, même avec de plus en plus de torture,
plusieurs n’avouèrent pas, mais se laissèrent torturer. Donc ils en sont morts
et ont tout de même été jugés et brûlés, certains vivants et certains
morts."
"Et il y avait tant, qu'ils
ont prétendus que s'ils avaient été capables de régner un an de plus, ils
auraient pu établi une cour ; et le mauvais esprit les pousse à comprendre
qu'ils auraient été si forts qu'ils n'auraient plus eu besoin de craindre
aucune autorité ou cour et qu'ils auraient établi une cour pour prendre le
contrôle du Christianisme..."
"... car ils ont révélé, ils
ont condamné plus de 700 personnes, dont plus de 200 ont été brûlés en un an et
demi ; ils sont condamnés et brûlés chaque jour, quand vous êtes capables de
les arrêter."
Les gens de bonne réputation qui étaient
désignées par un condamné n’étaient pas arrêtés directement, mais examinés
d'abord discrètement. Cependant, ceux désignés par plusieurs condamnés furent
arrêtés immédiatement. Certains avouèrent directement ; d'autres refusèrent et furent
décrits comme prolixe dans leur défense. On connaît très peu de leurs noms,
mais ils étaient tous des paysans, quoique certains d'entre eux furent décrits
instruits et savants.
À l'exception des procès du
Dauphiné, où la majorité des accusés était des femmes, il y avait d'autant
d’hommes que de femmes parmi les accusés. Comme ils n’étaient pas vieux, ils
purent résister à la torture plus longtemps avant de mourir. Les gens furent
arrêtés quotidiennement.
- Vol aérien : avoir enduit des chaises, voler en
l'air et pillage de caves de vin.
- Lycanthropie : avoir tué le bétail sous la forme de
loups-garous.
- Invisibilité : s'être fait invisible avec des
herbes.
- Avoir guéri la maladie et la paralysie causée par
la sorcellerie en les donnant à quelqu'un d'autre.
- Cannibalisme : avoir enlevé et mangé des enfants.
- Malédictions
- Avoir rencontré Satan et avoir appris la magie de
lui
- Conspiration : avoir projeté de priver le
Christianisme de son pouvoir sur l'humanité.
Le Diable venait aux pécheurs et
promettait de leur apprendre la magie s'ils renonçaient au Christianisme et
arrêtaient d'aller à l'église et la confession ; ils lui payaient des impôts et
il n’exigeait aucun travail.
Le condamné était lié sur une
échelle avec un crucifix en bois dans leurs bras et un sac de poudre autour de
leur cou. L'échelle était alors renversée dans le bûcher. Certains étaient
décapités avant la combustion. Plusieurs furent torturés à mort mais leurs
corps furent brûlés néanmoins.
On donna les biens de l'exécuté à
leur famille seulement s'ils pouvaient jurer avoir été inconscients de la
sorcellerie ; autrement ils revenaient à la noblesse, qui avait payé pour les
exécutions de leurs vassaux. Quand Fründ écrivit son document en 1430, 100 ou
200 personnes avaient été exécutées mais les persécutions devaient continuer
jusqu'en 1447.
Il est dur de connaître le nombre
exact de victimes à ce moment-là. À la différence des procès postérieurs,
d'autant d'hommes que de femmes furent tuées.
Source : Wikipedia (en)