Robin des Bois
La première mention de Robehod ou Hobbehod date de 1228 dans un document judiciaire : un parchemin recense un Robinhood mis en prison pour non paiement d'une dette ou d'une amende. La majorité des références datent de la fin du XIIIe siècle : entre 1261 et 1300 en Angleterre, on retrouve pas moins de huit références à un certain Rabunhod.
Dès le début du XIVe siècle, des ballades populaires célèbrent les aventures de Robin des Bois, notamment d'un Robin, chef d'une équipe de lutteurs qui apparaît lors des fêtes paroissiales. Il est dès lors suffisamment connu dans la tradition orale pour apparaître dans la littérature : la première mention manuscrite d'une œuvre littéraire de Robin des Bois se trouve dans Pierre le laboureur (Piers Plowman) de William Langland (1377), où Sloth, un prêtre paresseux, déclare : « Je connais des rimes de Robin des Bois. » Trois ans plus tard, le chroniqueur écossais Jean de Fordun écrit que le personnage de Robin des Bois dans les ballades « plaît mieux que tous les autres. »
Au cours du XVe siècle, se forge la légende de Robin des Bois dans plusieurs ballades qui s'étoffent : A Gest of Robyn Hode (La geste de Robin des Bois) est un conte enfantin, compilation de plusieurs poèmes du XIVe siècle, qui le présente comme un hors-la-loi au grand cœur, affrontant un système corrompu avec son arc long (arme ignoble au sens étymologique du terme) ; Robin et le moine, histoire sanglante dans laquelle il détrousse les riches pour son propre compte et tue des gens avec flegme ; Robin et le potier, conte comique dans lequel il berne le shérif de Nottingham grâce à la femme de ce dernier ; Gest présente une version complète de l’histoire de Robin des Bois (avec les personnages du bûcheron Petit Jean et de Stuteley, chef du groupe de paysans que Robin a sauvé de la potence). Des historiens marxistes comme Rodney Hilton en ont fait le symbole de la révolte paysanne alors que Robin des Bois apparaît dans ces textes plutôt comme un yeoman. D'après les recherches de Laurence Belingard, maître de conférence en histoire anglaise à l'Université d'Avignon8, le personnage décrit dans certaines balades populaires n'a rien à voir avec l'image du noble justicier mais plutôt comme un paysan parfois cruel et violent. Elle note par exemple des passages où le héros décapite un moine, ou d'autres où il décapite un enfant.
De nombreuses versions imprimées de ces ballades apparaissent au début du XVIe siècle au moment où l'imprimerie connaît ses premiers essors en Angleterre. Son image a cependant changée : Robin y est désormais qualifié de gentleman et il n'est plus question d'un personnage aussi cruel qu'au siècle précédant, ce qui à cette époque signifie un commerçant ou un fermier indépendant. Ce n'est qu'à la fin du siècle qu'il acquiert dans les pièces élisabéthaines (par exemple en 1601 The Downfall and Death of Robert, Earl of Huntingdon, La chute et la mort de Robert, comte de Huntingdon) un titre de noblesse et prend le nom de « Robin de Loxley », ou encore de « Robert Fitz Ooth, Comte d'Huntingdon » : du hors-la-loi, les auteurs des pièces de théâtre le transforment (phénomène de gentrification) en noble dépossédé volant les riches pour donner aux pauvres.
Son association romantique avec Marianne (ou « Marion », parfois appelée « Mathilde ») date de cette période tardive. Le nom de « Marion » provient d'une pastourelle lyrique du poète français Adam de la Halle, le Jeu de Robin et Marion (vers 1283). À part les noms, rien cependant ne permet d'établir une correspondance entre les deux personnages. Ils se rencontrent soit dans les fêtes paroissiales (ballades dans lesquelles ils font partie tous deux du petit peuple, elle étant présentée comme une danseuse), soit dans la demeure seigneuriale du père de Lady Marianne (pièces de théâtre les présentant comme des nobles). Marianne devient même le double féminin de Robin au XIXe siècle (guerrière montant à cheval). Apparaît à la même période le frère Tuck, confesseur de Marianne.
À la fin du XVIe siècle, l'histoire de Robin des Bois recule dans le temps pour se situer vers les années 1190 au moment où le roi Richard Cœur de Lion part pour la troisième croisade.
Au XVIIe siècle, Robin des Bois figure dans The Sad Shepherd (Le Triste Berger, 1641) de Ben Jonson. Puis, au XIXe siècle, Robin des Bois devient un des héros du roman Ivanhoé (1819) de Walter Scott, ce qui en fait un personnage mondialement popularisé. L'idée que Robin est un rebelle saxon combattant les seigneurs normands et vole aux riches pour donner aux pauvres, date de cette époque.
Autour du personnage de Robin, de nombreuses incohérences se sont introduites au fil du temps. Il est dit que Robin le Seigneur de Loxley (chef-lieu du comté de Hallamshire) fut dépossédé de ses terres par le Shérif de Nottingham et déclaré hors-la-loi. Le shérif apparaît en effet dans les premières ballades, où Robin finit par le décapiter, mais il n'y est pas question de ses terres. Ses autres ennemis sont un chasseur de primes du nom de Guy de Gisbourne (en), ainsi que de riches abbés, lesquels sont également tués par Robin. Mais si les anciennes ballades font mention d'un prêt accordé par Robin à un chevalier malchanceux, elles ne disent rien d'une redistribution des rapines aux pauvres. Il est dit encore que Robin réside dans la verte forêt de Sherwood, dans le comté de Nottingham, alors que les ballades le font évoluer à Barnsdale (en), dans le comté de York, soit à près de 80 kilomètres au nord.
Source Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Robin_des_Bois |