Théories sur Stonehenge et œuvres dérivées
Les trilithes
Les trilithons ou trilithes sont
cinq groupes de trois monolithes de grès sarsen levés et disposés comme des
portiques selon un plan en forme de fer à cheval laissant au nord-est une
ouverture de 13,70
mètres de largeur. Les énormes pierres ont été
travaillées sur le chantier à l'aide de boules de pierre qui laissent sur le
grès dur les traces en vagues parallèles caractéristiques de cette méthode bien
connue des civilisations de l'Égypte antique (cf. Obélisque inachevé). Puis les
pierres ont été assemblées selon des techniques de charpente, par tenons et
mortaises : chacun des dix piliers présente un tenon unique central en sa
partie supérieure et les cinq linteaux, pesant jusqu'à cinquante tonnes,
présentent chacun deux mortaises de forme ovale.
Les trilithes sont disposés
symétriquement : les deux plus petites paires de trilithes atteignaient six
mètres de hauteur, les suivantes 6,50 mètres, tandis que le grand trilithe
unique du côté sud-ouest devait atteindre 7,3 mètres de hauteur,
linteau compris. En partant de l'ouverture NE dans le sens des aiguilles d'une
montre, les deux premiers trilithes sont les seuls qui nous soient parvenus
intacts, tandis que le grand trilithe central est depuis longtemps effondré :
le pilier du trilithe principal, haut de 6,70 mètres, a été
redressé en 1901 ; l'autre gît au sol, brisé en plusieurs morceaux ; le linteau
est également renversé sur le flanc, montrant bien les deux mortaises ovales de
l'assemblage. Le linteau du quatrième trilithe, tombé en 1797, a été remis en place
en 1956, comme le montrent les photos d'Atkinson ; le dernier trilithe, quant à
lui, est incomplet et brisé en plusieurs morceaux.
Les piliers des trilithes sont
disposés par paires très faiblement espacées ; leur profil va diminuant vers le
haut selon une courbe qui s'accentue nettement dans la partie haute, ce qui
n'est pas sans rappeler le principe de l'entasis des anciens temples grecs, qui
donne l'illusion de colonnes plus élancées et plus droites.
Les figures gravées d'un poignard
et de têtes de haches ont été relevées sur l'un des piliers (pierre 53) du
trilithe sud. D'autres gravures de têtes de haches ont été repérées sur les
faces extérieures des pierres situées au nord-est du grand cercle de sarsen
(pierres 3, 4 et 5). Ces figures sont difficiles à dater, mais sont d'aspect très
semblables aux types d'armes bien connus du Bronze tardif.
Le grand cercle de Sarsen
Élément du cercle de sarsen et
trilithe ouest.Le grand cercle de grès sarsen est constitué de trente
monolithes érigés en un cromlech de trente-trois mètres de diamètre et
surmontés de trente linteaux. Chaque pilier comporte deux tenons correspondant
aux deux mortaises ovales de chacun des linteaux, qui ont été mis bout à bout
par un assemblage précis de rainures et languettes taillées en pointe :
l'ensemble forme ainsi un anneau continu suspendu au sommet de la structure.
L'effet visuel final a été le
souci permanent des constructeurs, de même que pour les trilithes : les
orthostats (pierres verticales) s'élargissent légèrement vers le haut, afin
que, vue du sol, leur perspective demeure constante, tandis que les linteaux de
pierre sont taillés légèrement en courbe, afin de conserver la disposition
circulaire générale du monument. Chaque pilier présente sa meilleure face vers
l'intérieur du cercle. La taille est plus rustique que celle des trilithes et
les faces extérieures sont quasi brutes de carrière.
L'épaisseur moyenne de ces
pierres est de 1,10
mètres et la distance moyenne entre elles est d'environ
un mètre. L'un des orthostats, au sud-est, est beaucoup plus petit que les
autres, anomalie qui a fait couler beaucoup d'encre : on a voulu y voir une
entrée latérale supportant des linteaux en bois… Atkinson suggère que l'on a dû
s'accommoder d'un tel orthostat réduit, simplement par manque d'un élément
disponible de plus grande taille. Toute la partie ouest du cercle est
d'ailleurs manquante, et l'on ne peut être certain que le chantier ait jamais
été mené à son terme, ni que les soixante monolithes nécessaires à l'achèvement
du monument aient pu être acheminés sur le site.
Le grand cercle de sarsen vu de
l'entrée NE ; au sol, la « pierre des sacrifices » (Slaughter Stone).Les
orthostats mesurent près de 4,10
mètres de haut, 2,10 mètres de large et
pèsent environ vingt-cinq tonnes. Les linteaux de pierre, quant à eux, mesurent
chacun environ 3,20
mètres de long, un mètre de large, avec une épaisseur de
0,80 mètres
: ils pèsent environ sept tonnes. Les sommets des linteaux sont suspendus, pour
ceux qui le sont encore, à 4,90
mètres au-dessus du sol.
La
Slaughter Stone («
pierre des sacrifices »)
La Slaughter Stone (4) est un nom de fantaisie donné
par les anciens explorateurs à une pierre de sarsen soigneusement taillée,
longue de 7 m,
autrefois levée, aujourd'hui tombée vers l'intérieur du monument, affleurant à
peine, à proximité du talus. Elle faisait partie des deux, ou peut-être trois
grands portails qui marquaient l'entrée nord-est.
« Pierre d'autel » : 80.Stonehenge III b
Stonehenge III b (-2000/-1550).
Taille et érection des pierres bleues dans une nouvelle disposition circulaire
; puis creusement et abandon des trous Y et Z restés inachevés (datation
radiocarbone de bois de cervidé de la base du trou 30 du cercle Y : -1540 ±
120).
Nouveau cercle de pierres bleues
Plus tard dans l'âge du bronze,
les pierres bleues, récupérées des cavités Q et R délibérément remblayées,
semblent avoir été réérigées une première fois à l'intérieur du cercle des
sarsens[24], bien que les détails exacts de cette période ne soient pas encore
très clairs. Quelques-unes d'entre elles ont été travaillées dans le style des
constructions en bois, tout comme les sarsens eux-mêmes, ce qui suggère
qu'elles pourraient avoir été liées par des linteaux et avoir fait partie d'une
structure plus vaste au cours de cette période.
Les trous Y et Z
Il existe à l'extérieur du cercle
de sarsen deux cercles un peu irréguliers de chacun trente grandes cavités (11,
12), correspondant à chacun des 30 piliers du cercle de pierre et disposés en
couronne tout autour d'eux. Ces trous, découverts et fouillés pour la moitié
d'entre eux par Hawley en 1923, ont été rebouchés et sont peu visibles de nos
jours ; deux autres ont été fouillés et étudiés minutieusement par Atkinson en
1953 ; les autres, non fouillés, mais bien repérés, sont absolument
indécelables par les visiteurs. Leur forme rectangulaire aux parois verticales
(dimensions moyennes : 1,80 x 1,20 mètres ; profondeur uniforme : 1,05 mètres pour le
cercle Z et 0,92 mètre
pour le cercle Y), leur aspect inachevé et leur contenu (terre, fragments de
rhyolite et de grès sarsen, fond garni de silex brut) montrent qu'il s'agit
très probablement d'un projet avorté de réorganisation des pierres bleues à l'extérieur
du cercle de sarsen.
L'Altar stone (« pierre d'autel »)
C'est sur le plan tracé par Inigo Jones en
1620 qu'apparaît ce nom de « pierre d'autel » pour désigner le bloc (1) de six
tonnes de grès vert micacé du Silurien-Dévonien qui brille au soleil et mesure
4,20 x 1 x 0,50 m,
soit deux fois la hauteur des pierres bleues. Ce grès vert provient très vraisemblablement
du Pays de Galles, où il existe plusieurs gisements d'une telle roche.
Son nom de pierre d'autel et sa
position horizontale, coincée sous les éléments tombés à terre du trilithe
principal (fragments du pilier 55 et linteau 156) peuvent prêter à confusion
quant à sa destination première. En fait, elle peut fort bien avoir été
dressée, formant un menhir de nature unique dans un endroit unique, au beau
milieu du monument.
Le visiteur a aujourd'hui de la
peine, depuis le parcours qui lui est imposé, à repérer cette pierre dissimulée
dans le chaos central du monument, aux trois quarts enterrée, mais il peut,
s'il se montre un peu attentif, en distinguer la surface horizontale
scintillante, très usée par les piétinements des visiteurs antérieurs.
Stonehenge III c (-1550/-1100)
Démontage de la précédente
structure de pierres bleues ; réérection des pierres bleues en un cercle et un
ovale concentriques, comme on peut encore en voir certaines aujourd'hui.
Cette phase a connu une nouvelle
réorganisation des pierres bleues de dolérite, qui ont été placées en cercle
entre les deux structures de sarsens et en ovale en plein centre du monument.
Les pierres bleues réorganisées en un dernier cercle
Au premier plan : deux pierres
bleues dressées flanquant l'entrée et appartenant au dernier cercle ; au
deuxième plan : éléments du cercle de sarsen avec linteaux en place ; tout au
fond, on peut apercevoir la
Heel Stone.Le cercle, tel qu'il se présente aujourd'hui, est
très incomplet : six pierres sont plus ou moins intactes et dressées à la
verticale ; cinq sont penchées, huit sont à terre, entières ou fragmentaires,
et dix sont réduites à des moignons en sous-sol. Leurs formes sont variées,
plus ou moins en forme de colonnes, certaines brutes d'extraction, d'autres
plus travaillées. Deux d'entre elles sont d'anciens linteaux soigneusement
taillés, ayant fait partie d'une structure incurvée et présentant des mortaises
ovales analogues à celles relevées sur les grands linteaux de sarsen. Chaque
pierre bleue mesure environ deux mètres de hauteur, entre 1 et 1,5 mètres de largeur et
jusqu'à 0,80 mètre
d'épaisseur. Il est possible que ce cercle final ait été composé d'une soixantaine
de pierres bleues.
L'ovale des pierres bleues, finalement réduit en fer à cheval
L'aspect de cette ultime
structure qui se dresse au centre du monument, à environ un mètre à l'intérieur
du grand fer à cheval de sarsen, est tout différent de celui du précédent
cercle de pierres bleues : elles sont cette fois soigneusement disposées à
intervalles réguliers, à tel point qu'on peut établir qu'elles ont formé une
structure ovale comptant dix-neuf pierres, dont des trilithes. Six d'entre
elles sont encore dressées à la verticale, une autre est en position inclinée,
et plusieurs autres sont à l'état de fragments. Elles ont toutes été
travaillées avec beaucoup de soin en piliers quadrangulaires ; l'une d'entre
elles, qui présente à son sommet un tenon arasé, a fait à coup sûr partie d'un
ancien trilithe, tandis que deux autres présentent curieusement, l'une une
feuillure, l'autre une rainure creusée tout du long, qui suggèrent que ces
pierres, à un certain moment, se sont emboîtées latéralement pour un usage
inconnu.
Pour finir, la section nord-est
de l'ovale des pierres bleues a été enlevée, créant une structure en fer à
cheval qui reproduit la forme de la structure centrale des trilithes de sarsen.
Seules des modifications mineures
ont été apportées après cette phase.
Dernière étape
Stonehenge IV (-1100). Extension
de l'Avenue jusqu'à l'ouest d'Amesbury (datation radiocarbone d'os et de bois
de cervidés des fossés situés à l'ouest Amesbury : -1075 ± 100).
On a aussi retrouvé le squelette
d'un jeune garçon (date calibrée -780 / -410). Une large tranchée enroulée en
arc, qui s'approfondit vers l'E-N-E en direction de la Heel Stone, est datée
de la fin -VIIe / -VIe siècle.
Abandon du site
Destruction délibérée du monument
au cours des premiers siècles de notre ère. Des monnaies romaines ont été
retrouvées, ainsi que la tombe d'un Saxon décapité, datée du VIIe siècle.
Études et fouilles archéologiques
Premières études
La première mention écrite de
Stonehenge est celle donnée de manière malheureusement peu explicite par
l'historien grec Diodore de Sicile : « Il y a au-delà de la Celtique, dans
l'Océan, une île qui n'est pas moins grande que la Sicile. Cette île,
située au nord, est habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu'ils
vivent au-delà du point d'où souffle Borée. (…) On voit dans cette île une
vaste enceinte consacrée à Apollon, ainsi qu'un magnifique temple, de forme
ronde, orné de nombreuses offrandes. »
Le Moyen Âge voit en Stonehenge
une danse des géants ou une œuvre du diable, avant que les « antiquaires » du
XVIIe siècle ne lui attribuent une origine plus humaine et, en bons scientifiques,
ne commencent à mesurer et dessiner. En 1621, le roi Charles Ier se fit
accompagner sur les lieux par son architecte favori Inigo Jones qui exécuta un
croquis du monument restitué, où figurent en bonne place les fossés, le cercle
de sarsens et les trilithes. En 1626, ce fut au tour de John Aubrey de composer
un livre intitulé Templa druidum et de dresser un plan d'une bonne précision.
L'exigence scientifique s'accroît
avec les recherches de William Stukeley, ami de Newton, qui, en 1740, publie un
livre attribuant Stonehenge au druidisme, opinion encore solidement ancrée dans
les croyances populaires britanniques. Malgré des mesures précises et des
observations rigoureuses, sa reconstruction géométrique du monument, à la règle
et au compas, apparaît aujourd'hui très idéalisée. Un peu plus tard, en 1747,
John Wood, le grand architecte de Bath, fait un relevé avec les coordonnées
précises des pierres encore en place, mais continue à attribuer Stonehenge aux
druides. Le trilithe 58-59 s'écroule le 1er janvier 1797.
Au XIXe siècle, Stonehenge est
visité et étudié par de nombreux savants. Le grand égyptologue William Matthew
Flinders Petrie, puis l'astronome Norman Lockyer firent des relevés toujours
plus précis, assortis d'observations astronomiques auxquelles prit part Arthur
Evans, le célèbre restaurateur du palais de Cnossos. Pour clore le siècle, ce
fut le pilier 22 qui s'écroula le 31 décembre 1900, entraînant dans sa chute le
linteau correspondant.
Fouilles et recherches du XXe siècle
Les recherches furent menées
successivement durant la première moitié du XXe siècle par le professeur
Gowland, qui releva le montant 56 du trilithe central, et le colonel Hawley,
qui n'hésita pas à décaper la moitié du site, fouillant quantité de cavités, à
la recherche d'objets caractéristiques, ce qu'on ne manqua pas de lui reprocher
par la suite. Enfin,
à partir des années 1950, Richard J. C. Atkinson et ses collègues, les
professeurs Pigott et Stone, reprirent les fouilles et rassemblèrent de très
nombreuses observations, assorties des premières datations scientifiques au
radiocarbone. Pour clore leur campagne, ils remirent en place et consolidèrent,
en 1957, les éléments les plus récemment écroulés (piliers et linteaux 57-58 et
22-122), avec les moyens modernes du génie civil.
Campagne de fouilles de 2008
Une campagne de fouilles, la
première à l'intérieur du cromlech depuis 1964, a été menée du 31
mars au 11 avril 2008, sous la direction de Timothy Darvill, archéologue de
l'université de Bournemouth, et Geoff Wainwright, président de la société des
archéologues de Londres : une fosse d'une longueur de 3 m et d'une profondeur de 1 m a été ouverte à l'intérieur
du cromlech, dans l'intention de rechercher des restes de matières organiques
et de déterminer, grâce aux techniques les plus récentes de la spectrométrie
des masses et de la datation au radiocarbone, à quel moment — à quelques
décennies près — les pierres bleues ont été érigées sur le site.
Lors d'une conférence de presse
donnée le 22 septembre 2008, les deux archéologues britanniques ont émis
l'opinion que Stonehenge a été un grand sanctuaire tout à la fois religieux et
thérapeutique, lié aux vertus curatives que l'on prêtait aux « pierres bleues
». Ils fondent leur conviction sur la découverte de sépultures de personnes
mortes de maladies, en particulier celle d'un jeune homme enfoui avec des
fragments de pierre bleue. Ils ont par ailleurs indiqué une fourchette de
datation de -2400/-2200 pour l'érection des pierres bleues.
Étude cartographique de 2010
Un projet de cartographie lancé
par une équipe européenne d'archéologues a mis au jour fortuitement, par des
techniques de magnétométrie, les vestiges d'un monument cérémoniel à moins d'un
kilomètre du cercle principal. Il comprend un fossé segmenté avec des entrées
nord-est/sud-ouest, en opposition, avec des fosses internes qui font jusqu'à un
mètre de diamètre et qui aurait pu avoir une structure en bois. Ce monument
semble être contemporain de Stonehenge et avoir la même orientation.
Source : Wikipedia